Il faut se souvenir qu'Avatar est réalisé par James Cameron, qui a tout de même à son actif Terminator, Alien et Titanic. Autrement dit, l'homme sait tourner des objets diablement efficaces.

Le scénario d'Avatar tient sur une feuille de cigarette, et la psychologie de ses personnages est condensée dans le joli filigrane qui peut parfois l'orner. Autant dire que c'est mince. Que les bons gros sentiments bien rustres et primitifs sont assénés avec une assurance déconcertante. Que la dialectique monde dépravé/eden merveilleux est beaucoup trop manichéenne, grossière, et dans l'air du temps pour avoir une quelconque portée. Qu'il s'en faut de très peu (la mort de Sigourney Weaver, la biologiste qui a toujours des prélèvements à faire) pour que le happy end soit parfait. Bref : Avatar ne fait pas dans la subtilité, et après-coup, les critiques surgissent à la pelle.

Mais... c'est efficace. Avatar est un rêve animé. Le monde merveilleux des Na'vis vous emporte en un rien. On s'en fiche que les vols sur des bêtes bizarres durent des plombes, parce que pour atteindre le nid des bêtes en question, il faut escalader les montagnes volantes en passant par des emmêlements de branches et de racines surplombant des précipices où les cascades se profilent dans la brume, attraper une liane et s'y hisser pour atteindre le pire mur d'escalade du monde, et entamer un duel à mort avec la fameuse bête bizarre qui a des couleurs splendides, et à laquelle on se rattachera organiquement pour la guider. C'est beau. C'est fantastique. Alors on s'en fiche, que la belle primitive fasse sans cesse ses cris rauques beaucoup trop équivoques de « t'es pas de mon monde et je t'aime pas mais en fait je suis grave amoureuse de toi, bel étranger à qui je vais apprendre la vie ».
Ils font rêver, ces primitifs de 4m de haut gaulés comme des dieux à force de courir tout le temps (parce que règle n°1 de l'heroïc fantasy : quand il n'y a pas de chevaux, Avatar-1-600x337.jpg on court – cf Le Seigneur des Anneaux), qui pensent que leurs arcs et leurs flèches vont contrer la débauche de technologie texane de la firme texane qui veut exploiter les richesses minières de Pandora. Parce que leurs arcs sont super beaux, que leurs flèches sont superbes, que leur nudité bleue est particulièrement esthétique malgré la difformité très trisomie 21 de leurs visages (difformité béotienne à laquelle on finit par se faire). Ils sont vrais, ils sont purs, ils croient à la nature. Ou n'est-ce que mon vieux fond néo-baba qui me fait parler ainsi?
Et ils font rire, ces marines sur-vitaminés qu'un bon petit discours sécuritaire du sergent-chef (celui qui, lors de l'ultime bataille, sera le dernier à lutter (sans raison) pour la destruction de la planète idyllique ; celui qui a 1250957646_avatar_michelle_rodriguez.jpg baroudé dans toutes les guerres terrestres mais dont les seules blessures lui ont été données par des Na'vis parce que quand même, ces grands hommes bleus c'est pas d'la tarte) motive à aller défoncer du Na'vi. Et l'opposition masculin-féminin, énooooooorme!! Entre le monde dur des humains, de leurs armes et impératifs économico-financiers, et celui des indigènes, tout en rondeurs, délicatesses et instincts. On s'amuse d'ailleurs de voir Michelle Rodriguez en pilote d'hélicoptère ultra-sexy, sensible derrière ses ray-bans de killeuse, parader en débardeur si échancré que je suis sûre d'avoir vu un téton. Elle est, à proprement parler, la seule "fille" de l'histoire, et elle doit bien s'ennuyer, entre les hommes bleus et la tonne de testostérone brute qui l'entoure, puisque le héros est un handicapé amoureux d'une femme bleue. Oh, et le discours grandiloquent d'union du fameux handicapé aux différents peuples bleus qui bien sûr, n'avaient pas pensé tous seuls qu'à 15 clans, ils pouvaient défoncer les "voyageurs du ciel" (les humains) sans problème. A ne surtout pas louper. Il est aussi beau que le combat final contre le sergent-chef. Finalement, il n'y a que l'héroïne Na'vi pour être réellement chiante, avec ses états d'âmes persistants et si caricaturalement féminins que je soupçonne Cameron d'être horriblement mysogine, et non pas au sens de Kundera, hélas.

Et la 3D, hé bien, donne envie de s'acheter du pop-corn et de se caler bien profond dans son fauteuil. Oui, c'est désormais une raison de se bouger le cul dans une salle noire : on n'a pas (encore) ça à la maison.

Donc, Avatar, pour conclure, est diablement efficace. Manque un rien (le souffle, le recul, l'ironie, la consistance?... oui, quand même...) pour qu'il approche le chef-d'oeuvre, tant la réussite visuelle est incontestable... un rien qui fait qu'on l'oublie très vite.
Divalgation
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le 28 sept. 2010

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Divalgation

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