Une oeuvre magnifique, sur fond d'écologie et d'humanisme, injustement décriée
Enorme succès en 2009, LE film qui a popularisé la 3D avant qu’un paquet d’autres films ont voulu profité des bénéfices supplémentaires obtenues par cette nouvelle technologie (avec plus ou moins de réussite). Présent dans mon top 10, il était temps que je fasse une critique.
Un élément qui met d’accord tout le monde (ou presque), y compris les détracteurs, c’est l’impressionnante beauté visuelle. Autres planètes se dégageant sur un ciel exotique nocturne, plantes et autres espèces luminescentes aux structures rocheuses volantes, « avatar » en met plein les yeux. Un mérite qui ne se trouve pas uniquement dans l’argent investit dans les effets numériques, car il a bien fallu le concevoir cet autre monde, dessiner chaque espèce, chaque détail. A mon sens, c’est pour ce genre de films que la 3D se justifie pleinement, pour amplifier la beauté de mondes inconnus.
L’histoire est poétique. J’ai toujours bien aimé les histoires où un être brisé retrouve une seconde naissance dans un autre peuple (danse avec les loups, le dernier samouraï). Peu à peu, un lien se forme avec les Nav’is, un amour naît avec l’une des femmes. Sa vie virtuelle, dans l’avatar, finit par prendre de plus en plus d’importance. Une vie nettement plus tentante que sa vie réelle, vu que dans le corps d’un Nav’i il peut courir à volonté, alors que dans son corps humain meurtrit, il est condamné à rester assis sur une chaise roulante. Ses doutes, son évolution, son attachement progressif à Pandora et au peuple qui y habite, m’ont rapidement rendu le personnage attachant. La musique sert parfaitement l’histoire, tant dans l’émerveillement ressentie face à ce nouveau monde exotique, que dans les tragédies qui affligent les Na’vis. L’arbre-sacré qui s’écroule, les indigènes anéantis forcés de fuir leur maison à travers les cendres, constitue un fort moment de cinéma. De même le recrutement des autres peuples dispersés me reste encore en mémoire. Le côté divertissant-blockbuster est parfaitement servit par la bataille finale épique : combats intenses, pertes tragiques, scènes à couper le souffle...
Mais l’autre grande force de « Avatar » est pour moi la thématique. Thèmes écologiques oui mais pas seulement. C’est aussi une virulente critique de l’homme, sa violence, son avidité et son inconscience. La dégradation de la nature se conjugue avec un capitalisme impitoyable et une humanité impérialiste. Un aspect que beaucoup n’ont pas vu, tellement le film est accusé d’être simpliste…
« Parce qu’ils sont assis sur une ressource que l’on convoite cela justifie un génocide ? »
L’histoire racontée dans le film fait douloureusement écho à des situations bien réelles qui se produisent sur notre bonne vieille planète. A tel point qu’une tribu indienne (en Inde), les Dongria Kondh, a même demandé au réalisateur de les soutenir dans leur combat contre une compagnie minière qui veut les déloger pour exploiter les richesses en minerai de leur sous-sol, et que James Cameron s’est rendu directement au Brésil pour soutenir des communautés menacées par un barrage hydraulique (mais si la compagnie n’a pas eu le droit d’exploiter le gisement indien, le Brésil a quant à lui autorisé la construction du barrage…) Alors toute les critiques accusant le réalisateur de surfer sur la vague de l’écologie sont donc infondés ! Surtout que ce serait je pense méconnaître le réalisateur, des thèmes similaires ayant en effet déjà été utilisés dans « abyss » et « terminator 2 », en plus de son engagement évoqué plus haut.
« Guérissez-vous de votre folie ».
De même que les rares peuples indigènes évoluant encore sur notre planète, les Na’vis ont beaucoup à nous apprendre. C’est une incitation à revenir à un mode de vie plus proche de la nature, moins axé sur la richesse matérielle et la technologie. La culture des Na’vis est proche du chamanisme, les Na’vis ne tuent que pour survivre, empruntant l’énergie des animaux, tout en ayant conscience qu’un jour viendra ou eux aussi devront la rendre.
En situant l’intrigue dans un monde imaginaire, l’histoire devient universelle et intemporelle, et ne concerne non plus seulement un peuple (les indiens d’Amérique dans « Pocahantas »). C’est là tout l’intérêt de la science-fiction, utiliser l’imaginaire pour mieux parler de l’être humain.
Impossible de parler d’Avatar sans évoquer les nombreuses critiques négatives qui lui ont été faites. Critiques dont on a parfois l’impression qu’elles reposent uniquement…sur le succès du film ! Dans leur préoccupation à se sentir supérieur aux masses, certains le dénigrent donc principalement pour cette raison, ce que je trouve fort dommage et ce qui a tendance à m’irriter. C’est quand même faire preuve d’un flagrant manque d’objectivité ! Il y a en effet un certain acharnement à accuser avatar de défauts que l’on pardonne pourtant à nombre d’autres films.
Exemple d’acharnement, le manque d’originalité. Soyons honnêtes un moment, il est presque impossible de nos jours d’être vraiment original. Des mêmes thèmes et des mêmes histoires sont reproduites dans des tas d’oeuvres et sous plusieurs formats, sans que les dernières versions soient nécessairement moins bonnes que les premières. Ainsi on a reproché au film sa ressemblance à « Pocahantas » et « danse avec les loups ». A ma connaissance, on a pourtant pas reproché à « danse avec les loups » de ressembler à « Pocahantas »… Beaucoup d’œuvres s’inspirent entre elles, c’est de l’inspiration et non un manque d’imagination. Une histoire déjà vue oui, mais traitée différemment.
J’ai pu entendre que l’on reprochait la victoire des gentils contre les méchants, comme si ce n’est pas le cas pour 95% des films !
Un film à effets spéciaux étant souvent associé à une histoire simple, « avatar » ne fait pas exception dans certains esprits. A mon sens, la remarque est à moitié vraie, mais à moitié seulement. Il n’est pas complexe c’est vrai, mais pour autant est-ce que sa « simplicité » constitue un défaut ? Beaucoup de films reconnus aujourd’hui n’ont pas un scénario forcément très développé, mais leurs mérites se situent dans la réalisation et la thématique abordée : apocalypse now, robocop, 12 hommes en colère… Robocop et starship troopers, reconnus respectivement pour une critique de la corruption et de l’impérialisme humain, ne vont pas forcément plus loin dans la dénonciation et utilisent l’analogie pour l’aborder. Avatar procède de même. Ce qui n’enlève rien à la qualité des œuvres citées. Reprocher tout ça pour avatar ce serait comme dénigrer Star Wars pour son immense succès en salle, son histoire classique de jeune élu face à un ennemi puissant et maléfique se terminant par la victoire du Bien…
Enfin la thématique abordée ouvre encore sur un autre débat, celui de l’écologie. Et impossible aussi de parler d’Avatar sans l’évoquer. L’écologie qui est devenue un thème à la mode, l’écologie dont on nous rabat les oreilles et qui commence à nous énerver, l’écologie qui alimente souvent des discours simplistes et manichéens, l’écologie récupérée comme argument marketing par des entreprises peu honnêtes... Mais on en parle tellement que l’on agit peu et la situation se dégrade toujours… Autant de répliques qui me donnent l’impression de servir uniquement à déculpabiliser certains et à leur permettre de continuer comme avant. Avant d’être taxé d’hypocrisie, je signale que je ne suis pas un modèle non plus. Un film qui aborde donc autant de thématiques actuelles ne peut être qualifiée de coquille vide comme j’ai pu lire. Et en matière d’écologie je ne connais aucun autre film qui évoque aussi bien le sujet.
Des reproches que je trouve fort regrettables. Surtout à l’heure où nos besoins d’énergies deviennent de plus en plus importants, avec d’avantages de conséquences humaines et environnementales ; ou une aide entre les peuples sera plus que jamais nécessaire, aide compromise par la crise actuelle. « Avatar » se révèle donc d’une actualité criante, malgré sa non complexité.
Mais n’est-ce pas les réalités les plus simples qui sont les moins évidentes à appliquer ?
Toutefois, je suis d’accord que certains défauts auraient pu être évités. Avatar aurait probablement gagné à être un peu moins manichéen (gentils Na’vis vs méchants militaires), par exemple en montrant une humanité avec un besoin vital d’énergie, l’exploitation de Pandora devenant donc une question de vie ou de mort. Et l’archétype du colonel sévère et impitoyable n’a rien arrangé. Enfin l’intervention salvatrice de la nature de Pandora sonne comme un deux ex machina bien pratique, donnant corps à l’idée, poétique mais peu scientifique, de l’existence d’une conscience dans la nature.
Encensée par les uns, décriée par les autres pour des raisons souvent injustifiées mais que n’aident pas certains défauts bien présents, « avatar » est un film sublime, un divertissement efficace, innovateur techniquement, une réussite visuelle, un film humaniste et écologique, et une histoire poétique et émouvante.