Bien avant sa sortie, on a fait autour d'Avatar et de la révolution visuelle, cinématographique -et budgétaire ! -qu'il annonçait, un ramdam pas possible. Moi même, je n'en ai entendu parler que peu avant sa sortie effective en France et suis allé le voir sans trop m'être intéressé aux débats qu'il engendrait, c'est à dire sans trop d'attentes vis à vis de ce blockbuster. Ce n'est qu'après m'être régalé dans l'obscure salle que j'ai ouï les virulentes critiques que ses détracteurs ne manquaient pas de faire à son propos.
Certes, la 3D, on ne peut plus décevante, n'est bonne qu'à rendre baveux les paysages et les corps (bien qu'on soit en droit de saluer son efficacité dans les scènes d'action), le discours est simpliste quand il n'est pas caricatural, la trame scénaristique est un concentré de clichés et de déjà-vus, la vision manichéenne et écologique pesante, etc. Les "cinéphiles" peuvent s'en donner à coeur joie...
A ces critiques, par ailleurs justifiées, j'ai envie de répondre : "Et alors?". Car l'essence de ce film ne se situe pas dans la richesse du scénario. Cameron nous a prouvé qu'il était capable de bien mieux. A mon sens, s'il a choisi cette histoire cent fois répétée d'amour impossible sur fond de cultures différentes, de convoitises exacerbées et d'harmonie écolo (simple miroir de la colonisation américaine par les européens) c'est pour mieux faire ressortir la puissance de l'univers qu'il étale sous nos yeux.
En outre la simplicité du discours permet une compréhension du récit par tous et toutes, quel que soit leur âge, leur culture. Dès lors, on ne s'attache qu'à la contemplation de Pandora et des ses habitants. Les Na'vi nous fascinent ainsi que le fabuleux bestiaire qui peuple ce monde magique. Il n'y a qu'à voir l'effort qu'ont fourni les équipes pour développer toute une biologie à la fois jamais vue et à ce point cohérente qu'on n'a pas de mal à imaginer que la Vie ait pu choisir une telle voie dans l'évolution. Il n'est pas dur de se laisser aller à cette évasion ; pourquoi la rejeter ? Neytiri est d'une féline et féminine sensualité, Jake est courageux (et stupide), le récit haletant, les péripéties nombreuses et colorées, les héros attachants...
On a l'impression qu'au final les gens ont oublié ce qu'était le rêve, l'évasion, le plaisir des sens : tout ce que ce film nous apporte ! Une histoire mièvre reste une histoire et quand bien même elle est racontée depuis la nuit des temps sous des formes diverses, son discours n'en reste pas moins humain et puissant. Avatar parle d'amour, d'aventure, d'ouverture aux autres cultures, de solidarité, de guerre, d'écologisme? Oui. Et en fait, c'est aussi bien. Pas besoin de -toujours- jouer au blasé qui n'a besoin que de drames psychologiques profonds, poignants et compliqués.
Il suffit donc de réveiller cette part (même pas une part d'enfant !) d'imaginaire qui est en nous et on pourra jouir en toute impunité de ce film qui, si on le voit sans la 3D, saura nous apporter un pur moment de plaisir, voire de larmes, et nous en mettre plein les mirettes. Car n'oublions pas que le cinéma est avant tout un divertissement !
Pour conclure, je reprendrai simplement ce qu'a souligné avec justesse un internaute, comme moi époustouflé, à propos de ce film : on souhaiterait avoir la chance de ne jamais l'avoir vu, pour pouvoir, comme la première fois, découvrir et savourer pleinement cet univers grandiose qui nous subjugue...