Un conte initiatique tellement naïf qu'il en devient presque touchant à force de rabattre tous les poncifs éculés du gros divertissement ecolo familial. On était quand même en droit d'attendre bien plus de complexité narrative et une ambition visuelle un peu plus forte avec une telle latence de développement entre cette continuité et l'origine de la saga.


On voit très bien à quel point le budget global du projet a du exponentiellement explosé depuis sa conception, car c'est graphiquement assez impressionnant avec les lunettes 3D qui donnent une profondeur de champ assez bluffante et immersive pendant une grande partie du film.


La contrepartie est une superposition de perspective assez brouillonne car tandis que les plans rapprochés sont plutôt efficaces et procurent une agréable sensation de réalité augmentée, les arrières plans sont moins lisibles du fait de la rapidité des images projetées (les caméras hautes technologies utilisées modulent volontairement cette dichotomie spatiale pour assurer un rythme incessant pendant toute la durée). C'est assez réjouissant au commencement, ca devient assez vite lassant au bout d'une heure de projection.


Le vrai problème de ce spectacle abrasif, c'est qu'il ne laisse aucune possibilité au spectateur de penser par lui-même puisqu'il lui indique en permanence comment réagir à toute situation. Il est dans une démonstration continuelle de son pouvoir programmatique ou chaque séquence est pensée comme un morceau de bravoure indiquant la marche à suivre. Les forces du bien doivent supplanter les esprits démoniaques, l'eau est une source inépuisable de bonté dans laquelle seules des esprits chevaleresques peuvent survivrent, la terre et l'air sont les réceptacles d'une déshumanisation féroce de la barbarie humaine et tout se passe comme si c'était impossible de densifier les enjeux progressistes représentées par les forces contraires. En résulte un manichéisme qui finit par achever tout esprit de résilience possible, puisque le but n'est pas de réfléchir à ce qui pourrait construire des ponts entre la nature et la technologie, mais bien d'anihiller le postulat pantheiste de départ pour en faire un big data center ou seule compte la performance nihiliste de l'équipe technique. C'est assurément fort sympathique pour les yeux, beaucoup moins pour le cortex cérébral.


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le 7 janv. 2023

Modifiée

le 7 janv. 2023

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