épisode filler
Je suis, moi aussi, allé communier à la grand-messe du cinéma et je me dis que c'est pas possible... Il faut interdire James Cameron d'approcher de près ou de loin d'un outil scripteur (quel qu'il...
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le 20 déc. 2022
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Même si vous l'avez probablement déjà tous vu, je vous encourage tout de même à le découvrir au moins en 3D Imax, histoire de pleinement profiter du spectacle.
Jamais de ma vie je n'ai ressenti un tel sentiment d'immersion. Pour la première fois, la frontière entre la salle et l'écran m'a semblé complètement abolie. J'étais DANS le film de A à Z, percevant la profondeur de champ comme nulle autre fois auparavant. Je me sentais moi-même caché derrière les buissons avec les personnages, en apnée sous l'océan au milieu des créatures aquatiques, recevant les mêmes coups de harpons que les tulkuns et me retrouvant également submergé par la montée des eaux dans les navires de guerre.
C'est pour ce genre d'expérience sensorielle unique que la salle de cinéma démontre encore aujourd'hui, l'étendu de son efficacité. Le film tient entièrement sur sa prodigieuse mise en scène et offre un blockbuster généreux, où les scènes d'action s'enchaînent sans aucun temps mort, au rythme de trois longues heures galvanisantes que l'on ne voit jamais s'écouler.
Toutefois, si vous n'êtes pas prêt à débourser 20 balles pour du pur grand spectacle décérébré alors, passez votre chemin.
Vu la qualité d'Aliens et de Terminator 2, deux suites bien différentes de leurs ainés, autant sur le plan esthétique que narratif ; on pouvait logiquement attendre d'Avatar 2 quelque chose d'aussi innovant, capable de renouveler notre intérêt pour un univers vieux de 13ans qui, à première vue, ne nécessitait pas spécialement de prolongement. Hélas, Cameron reste dans le sillage du premier opus, nous resservant grosso merdo, la même histoire de méchants humains venus coloniser une planète étrangère dont ils méprisent la culture des peuples indigènes, tout en y semant sans vergogne la désolation pour en exploiter les richesses. La seule différence notable étant le traitement réservé à Sully et Neytiri, devenus des déserteurs planqués dans une autre tribu et qui, grâce à leur progéniture, seront amenés à évoluer positivement, en redevenant pas à pas les combattants téméraires du premier film.
Sauf que, si Avatar racontait une histoire simple mais plutôt efficace, ce second volet fourmille de lacunes scénaristiques en tous genres.
A commencer bien sûr par cette calamiteuse exposition introduisant en voix off tous les rejetons de Sully et Neytiri. Y compris la fille Na'vi du Dr Augustine (et probablement de Eywa), ainsi que le fils humain du colonel Quaritch, dont on se demande bien comment et avec qui a-t-il bien pu prendre le temps de pro-créer lors du premier film.
Le statut de Quatrich Jr est d'ailleurs assez ambigu puisque Sully semble le considérer comme un membre à part entière de sa famille, mais personne ne juge nécessaire de lui porter secours lorsqu'il se fait capturer par son géniteur et Neytiri se montre même prête à lui trancher la gorge sans la moindre hésitation.
On aurait pu croire que le jeune humain se sente trahi par les siens et soit davantage tiraillé entre les deux camps. Cela aurait enrichi le récit d'un enjeu supplémentaire et offert un développement plus intéressant autour de ce personnage, mais l'idée ne semble même pas avoir effleuré l'esprit des 5 scénaristes.
Cette superficialité d'écriture se retrouve malheureusement chez tous les autres protagonistes. Sully est devenu un patriarche masculiniste complètement teubé. Neytiri en est réduite à une va t'en guerre hystérique. Neteyam est le bon petit soldat voulu par son papa, faisant office de modèle indépassable pour ses frères et soeurs. Loak est le nerd incompris par ses parents, mais plus en phase qu'eux avec leur nouvel environnement naturel. Tout comme Kiri, véritable bobo écolo mystico chamanique de la fratrie. Et n'oublions pas le grand méchant Quaritch, revenu d'entre les morts sous la forme d'un Avatar et prêt à traquer Jake Sully jusqu'au fin fond de la planète par pur esprit de vengeance, quand bien même rien dans le scénario ne justifie une telle débauche de moyens pour capturer un seul Na'vi en retrait du conflit armé.
Comme dans toute production Cameronienne qui se respecte, les protagonistes ne sont ici que de grossiers stéréotypes vus un milliers de fois ailleurs, ne s'exprimant qu'en punchlines poussives ou dialogues explicatifs au combien artificiels. Sauf que là, ils ne bénéficient même pas d'une caractérisation un tant soit peu approfondie, histoire qu'on puisse s'attacher un minimum à leur gueule durant les 3 longues heures de film.
Dans ces conditions, difficile de les considérer autrement que comme de simples pions servant à faire avancer l'histoire.
Ce manque d'empathie vis à vis des personnages, couplée à la prévisibilité du récit, font que, malgré la virtuosité de sa réalisation, on ne réussit jamais à être emporté émotionnellement par le long-métrage.
Dès lors, rien d'étonnant à ce que la seule nouveauté que l'on retienne de cette suite, ce soit bien évidemment cet extraordinaire monde aquatique, parfaitement mit en valeur durant de longues séquences d'immersion sous-marine. Quelques précieuses minutes hors du temps, animaient par la passion de Cameron pour les fonds marins et où l'on se laisse complètement attendrir par les créatures qui sont présentées, même en sachant pertinemment qu'elles ne sont pas réelles.
Ainsi, le problème du film ce n'est pas d'avoir un scénario trop simpliste ou existant. Au contraire, celui d'Avatar 2 se veut plus dense, équipe et émotionnel que son ainé alors qu'il est inintéressant au possible et ne constitue pas du tout le principal attrait du long-métrage.
Les suites n'ont semble-t-il pas vocation à enrichir la mythologie Avatar. Ils servent juste de prétexte pour générer de nouvelles maps qui amèneront à un nouveau bestiaire et de nouvelles scènes d'action prenant en compte la spécificité des environnements. A ce moment-là, autant l'assumer au en réduisant le scénario au stricte minimum, au lieu de se forcer à faire une saga familiale aux multiples arcs narratifs dont on se branle. Je pense qu'en fait, j'aurais beaucoup moins de problème avec le film si il ne se vendait pas comme une grande fresque, mais s'assumait davantage comme le blockbuster bourrin qu'il est réellement.
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Créée
le 28 janv. 2023
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