épisode filler
Je suis, moi aussi, allé communier à la grand-messe du cinéma et je me dis que c'est pas possible... Il faut interdire James Cameron d'approcher de près ou de loin d'un outil scripteur (quel qu'il...
Par
le 20 déc. 2022
228 j'aime
47
« J’ai rencontré James Cameron pour la première fois en 1972, alors que nous étions encore tous les deux étudiants à l’université […] il était inscrit en sciences physiques et en psychologie, et suivait des cours sur les origines du mythe. […] Jim, dont le père était ingénieur et la mère artiste, décomposait du regard le monde environnant pour en examiner les éléments constitutifs et les recombiner afin d’en tirer une fiction hyperréaliste. » - Randall Frakes [1]
Sempiternelle « faiblesse du scénario » : comme une impression de déjà-vu à treize ans d’intervalle, des sentences aussi réductrices que « dix ans pour ça », « c’est du Disney » ou « le mec a une idée et il en fait un film de huit heures avec toute sa technologie » s’échappent de la foule au sortir de diverses séances. Parce qu’il efface toute trace d’effort et vise l’évidence de l’universel, le storytelling cameronien rend aveugle a sa propre maestria. C’est sa noblesse (tendre la main à la plus large audience possible) et sa naïveté (privilégier l’émotion sur l’intellect). Aux origines du cinéma de James Cameron, il y a en outre les influences du mélodrame, du Magicien d’Oz (Victor Fleming – 1939), des monstres de Ray Harryhausen et autres séries B des années 1950, avec leurs invasions martiennes et personnages en carton. Difficile, en partant de là, de plaire à tout le monde. Le client a toujours raison, et l’offre en matière audiovisuelle n’a jamais été plus pléthorique : il suffit d’un clic pour changer d’univers.
Sauf que, ô surprise, Avatar : La Voie de l’Eau est un carton dans la droite lignée du premier Avatar. À toutes les séances auxquelles l’auteur de ces lignes a assisté, la salle était non seulement comble mais d’une diversité sociologique telle que seul le papa de Titanic parvient encore à la rassembler. Et à chaque fois, personne ne semble avoir jugé le spectacle si peu crédible qu’il faille le fuir, ou alors juste pour aller soulager sa vessie en quatrième vitesse – réflexe naturel quand nos prunelles barbotent à ce point !
De quoi laisser songeur : n’y aurait-il pas une forme de duplicité dans notre rapport au phénomène Avatar ? Comme si, plongé dans les ténèbres propices au lâcher-prise, le contrat film/spectateur fonctionnait à merveille. Une vraie séance d’hypnose collective, le cerveau non pas débranché mais sollicité d’une autre manière. Puis, sitôt les lumières rallumées, sommé de livrer son avis fatidique mais incapable de mettre des mots sur cette sensibilité devenue étrangère à notre quotidien, on se sentirait tenu de prendre le film et sa « simplicité » enfantine de haut, quitte à trouver le slogan qui la rendra méprisable.
Au royaume des aveugles, le borgne est roi.
La suite de ce pavé est à lire sur L'Infini Détail : https://infinidetail.com/2023/04/12/avatar-la-voie-de-leau/
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films de James Cameron et Les meilleurs films de 2022
Créée
le 17 avr. 2023
Critique lue 74 fois
7 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Avatar - La Voie de l'eau
Je suis, moi aussi, allé communier à la grand-messe du cinéma et je me dis que c'est pas possible... Il faut interdire James Cameron d'approcher de près ou de loin d'un outil scripteur (quel qu'il...
Par
le 20 déc. 2022
228 j'aime
47
13 ans de préparation, un budget record, pour un film d'un peu plus de 3 heures, le sentiment que James Cameron a voulu mettre le paquet, c'est fait. Pour un résultat qui montre que lorsque la...
Par
le 20 déc. 2022
198 j'aime
15
Le grand écran est en danger, et les prétendants à son opération de sauvetage se succèdent timidement depuis les années Covid ; dans un contexte de reprise particulièrement morose, tous les regards...
le 18 déc. 2022
167 j'aime
20
Du même critique
C’est quoi le cinéma ? A cette question certains répondent : le cinéma, c’est avant tout le texte. On reconnaît bien là les « théâtreux », les adeptes de la hiérarchie des formes d’art, ceux qui...
Par
le 31 mai 2015
51 j'aime
25
Si Alexandre Le Grand est reconnu dans le monde entier pour avoir été l’un des plus grands conquérants de l’histoire, il fascine aussi pour le mystère qui l’entoure ; un mystère qui tient beaucoup à...
Par
le 15 mars 2015
45 j'aime
14
DANGER : zone radioactive pour les allergiques au spoiler. Et pire encore : je mords aussi. Rorschach’s journal. 2016, Easter day : Un ex prof de philo du MIT a un jour posé cette question : «...
Par
le 30 mars 2016
38 j'aime
21