Avé César a pour trame de fond l'enlèvement d'un grand acteur hollywoodien (George Clooney/Baird Whitlock) et la gestion de studios de cinéma montré du point de vue de son directeur (Josh Brolin/Eddie Mannix), le tout dans l'ambiance nostalgique des années 40/50.


Et il me semble que beaucoup de personnes ont pu passer à côté du vrai fond de ce film (et peut-être le suis-je aussi).


Si on regarde le film sans "bagage" cinématographique de l'époque, on passe déjà à côté de ce sentiment proustien qui m'a mis le sourire au visage durant tout ce film.


Car tous les codes, toutes les références de l'époque y sont :



  • George Clooney / Baird Whitlock --> Charlton Heston

  • Josh Brolin /Eddie Mannix --> Louis B. Mayer

  • Alden Ehrenreich / Hobie Doyle --> John Wayne

  • Ralph Fiennes / Laurence Laurentz --> Elia Kazan

  • Scarlett Johansson / DeeAnna Moran --> Ester Williams

  • Channing Tatum / Burt Gurney --> Gene Kelly

  • Max Baker / Le chef des communistes --> Eugene Dennis
    etc.


Le film, pour celui qui le regarde en surface, peut paraître décousu avec une fin qui nous laisse sur notre faim.


En effet, on a des petits bouts d'histoires de vies de chacun des personnages mais inachevés, alors qu'on crève d'envie d'en savoir davantage.
Chaque petit morceau de vie mériterait d'avoir un chapitre plus étoffé.


Mais il me semble que le but des frères Cohen était justement de montrer, via ces polaroïds, de quoi se composait la vie des gens du cinéma de cette époque là.


On y voit les pressions que subit le directeur des studios, l'envers du décor d'un tournage de film, les rouages politiques, la vie "on" et "off" des stars de cinéma, la vie de famille modèle ...


Chaque génération de spectateur aura une différente façon d'aborder, de comprendre et d'apprécier ce film.


Je remercie mon père de m'avoir fait baigner dans cette ambiance en me mettant depuis toute petite devant des films des références citées plus haut (Charlton Heston, John Wayne, Ester Williams, Gene Kelly et tous les autres de cette époque).


Le cinéma d'alors était inventif (toutes ces mécaniques de décors sur les plateaux, tous ces effets spéciaux fait-mains !), millimétré (pas un cheveux ne dépassait), esthétique.


Je n'échangerait pour rien au monde un "vieux" film contre un de ceux à effets spéciaux numériques d'aujourd'hui (type grands block busters américains) : ils ont perdu tout leur charme et toute leur humanité.


Un Star Wars première génération, avec ses trucages de fils et de carton pâte ne limitait en rien la créativité et le résultat était tout aussi, voire plus, embarquant que ceux d'aujourd'hui.


Bref, tout cela pour vous dire, que "vieux" ne signifie pas toujours "dépassé", que nous en avons besoin comme base solide pour construire l'avenir et qu'en sortant de ce film, j'espère que vous aurez envie d'aller piocher dans le registre inestimable des films de nos anciens.

SophieViskic
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le 16 mars 2016

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Sophie Viskic

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