The Avengers : les super-héros Marvel au sommet ?

Si le projet de réunir au cinéma dans un même film la « justice league » des super-héros Marvel, avait de quoi faire saliver tous les fans de comics du monde entier, réaliser en revanche un film à la hauteur de l'événement n'était pas gagné d'avance. Certains fans intégristes sont impitoyables quant au fragile et délicat passage de la BD au cinéma de leurs super-héros favoris. Beaucoup de réalisateurs s'y sont heurtés. On se souvient des critiques assassines contre Bryan Singer à propos du design des combinaisons des mutants à l'époque de la sortie du premier X-Men en 2000. Imposer Michael Keaton en Batman ne fut pas une paire de manche non plus pour Tim Burton qui s'en souvient encore. On ne plaisante pas face à l'orthodoxie des fans. Mais The Avengers serait-il l'exception qui confirme la règle ? Le film de Joss Whedon semble avoir convaincu même les fans les plus rétifs. En grande majorité, les critiques de la presse spécialisée et des spectacteurs sont dithyrambiques. En plus de réunir la crême de la crême des super-héros Marvel, Thor, Captain America, Hulk et Iron Man en tête, The Avengers serait-il le premier film de super-héros à mettre tout le monde d'accord, presse, fans et néophytes confondus ? Analyse d'un succès.

L'un des points forts du film est assurément sa réussite technique. Même le spectacteur drogué en intraveineuse aux blockbusters et autres cinématiques de jeux vidéos, applaudira devant cette démonstration de force pyrotechnique, cette maestria visuelle dont seul le cinéma US est capable de nous offrir ! A ce titre, l'invasion extraterrestre dans Manhattan du dernier tiers du film restera longtemps gravé dans les mémoires. Que dire de ce « super » plan séquence, le morceau de bravoure de The Avengers, dans lequel la caméra passe d'un super-héros à l'autre, six au total, qui plus est en pleine action ! Tout cela présenté dans un montage d'une lisibilité désarmante, loin de l'ultra-découpage épileptique d'un Michael Bay. Avec ce plan-séquence époustouflant, symbole de l' »union sacrée » des super-héros Marvel, Joss Whedon prouve qu'il est un technicien hors-pair en plus d'être l'homme de la situation.

Ce crossover géant aurait très bien pu virer au pot-pourri foutraque et indigeste mais Joss Whedon ne s'est pas laissé submerger par l'égo surdimensionné de ses super-héros. A l'instar d'une campagne présidentielle, c'est l'égalité parfaite du temps de parole et de présence à l'écran. Pas de privilèges ni pour l'un ou l'autre des super-héros, sans doute la garantie d'une bonne entente devant et surtout derrière la caméra. Ainsi, à côté des « grands », on fait plus ample connaissance avec les « petits » super-héros : La Veuve Noire (Scarlett Johansson) (Voir ici un extrait) et Hawkeye (Jeremy Renner), cantonnés à des rôles de figurants respectivements dans Iron Man 2 et Thor, qui avec The Avengers sortent de l'ombre et gagnent en épaisseur, sous la caméra bienveillante de Joss Whedon. Dans The Avengers, les individualités comptent moins que le groupe. Aussi naïf et usité soit-il, c'est le message du film : l'union fait la force, sous entendu : quel est l'intérêt de posséder tous ces supers-pouvoirs si l'on est incapable de les rassembler ? Les Avengers jouent donc collectif le temps d'un film. Mais le ressemblement ne se fait pas sans heurts, à l'image notamment de cette explication de texte musclée à coup de marteau et d'acier entre Thor (Chris Hemsworth) et Iron Man (Robert Downey Jr.) (Voir l'extrait ci-dessous).

Mais ce rassemblement n'efface en rien le passif des super-héros découverts dans leurs films respectifs. Joss Whedon a gardé le plus significatif de chacun d'eux : le héros national, patriotique et un brin désuet de la 2ème Guerre Mondiale, Captain America (Chris Evans), son exacte contraire, le playboy grande gueule, cynique et tech-postmoderniste Tony Stark/Iron Man, l'ambivalence entre la détresse et la solitude du docteur Bruce Banner (très juste Mark Ruffalo) et son alter ego incontrôlable et dévastateur Hulk, et enfin le héros mythologique Asgardien aux accents Wagnériens, le demi-dieu Thor. Bref, une compilation de super-pouvoirs et surtout de caractères en acier trempé, en particulier Tony Stark/Iron Man. The Avengers peut être vu individuellement mais il est fortement conseillé d'avoir vu au préalable Thor et Captain America : First Avenger, pour apprécier complètement le film. En effet, le passé cryogénisé de Captain America et le combat fratricide entre Thor et Loki sont souvent cités et trouvent leur explication exclusivement dans les deux films précités. Pour autant, The Avengers s'adresse à un public large et sera autant apprécié des initiés que des néophytes.

Production Disney oblige, l'humour est souvent présent. A grands renforts de gags, Whedon n'hésite pas à jouer des anachronismes béants dont écopent les super-héros. Steve Rogers/Captain America, le héros glorifié des fifties, est souvent la cible des quolibets. A défaut d'être resté coincé sous la glace pendant un demi-siècle, le pauvre est en complet décalage avec ses petits camarades. Les vannes fusent, à tel point que cette réunion de super-héros prend par instants des allures de cour d'école. L'ambiance des comics est ainsi célébrée en toute légèreté et désinvolture, quitte à tomber dans l'excès. Ce ton décalé, voire incongru par moment, ne permet jamais au film d'atteindre l'envergure à laquelle son sujet le prédestinait. Le scénario y est aussi pour quelque chose. Sans parler de la représentation fort réussie à l'écran de ces super-héros de papier, l'intrigue reste d'une vacuité certaine. Si les motivations de Loki (Tom Hiddleston), le frère haineux de Thor, sont assez claires, celles des extraterrestes avec qui il fait alliance, restent désespérément floues. L'asservissement de la Terre reste le prétexte fallacieux pour permettre à Joss Whedon d'organiser à l'écran son invasion extraterrestre sur New York et l'opération de destruction massive qui s'en suit dans la dernière heure du film. En cela, le scénario est une vaste supercherie indigne des comics originaux de l'univers Marvel, reconnus pour leurs scénarios intelligents et explosifs. Ce manque d'ampleur empêche The Avengers d'égaler la force, la densité et le niveau des X-Men de Bryan Singer et dernièrement de Matthew Vaughn ou encore du Dark Knight de Christopher Nolan pour ne citer qu'eux. Joss Whedon parvient a faire de The Avengers un feu d'artifice visuel, drôle et spectaculaire, jouissif par moment, mais dont l'absence de gravité en toute circonstance le tire vers le bas. The Avengers ne peut dès lors prétendre à être autre chose qu'un divertissement de masse de qualité à 220 millions de dollars. Les super-héros Marvel valaint-ils cela ou plus encore ?
Cinextreme
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le 2 mai 2012

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