Endgame of stones
Il s'installe en ce mois d’avril une ambiance fin de règne sur la planète pop qui a paradoxalement de quoi réjouir. J’aime voir les compteurs s’affoler et un certain nombre de générations bruisser...
le 28 avr. 2019
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Qu’est-ce le MCU ? La loi du mouvement circulaire uniforme en physique ? Une saga cinématographique ambitieuse qui restera dans les mémoires ? Un pari risqué d’univers partagé qui ne sera jamais reproduit ? Ou une immense escroquerie capitalisant sur la vivace patience d’une grandissante communauté de fans ? Je dois avouer que je fus tantôt l’un pour l’autre. J’étais très enthousiaste au visionnage des premiers Iron Man, Captain America et Avengers. Puis, au cours de la phase 2, je me suis sans doute lassé d’une formule répétée à toutes les sauces, je n’avais même pas regardé Avengers 2. Mon opinion est devenue mitigée avec la phase 3. J’avais probablement quitté ma phase de « fanboy aveugle » et de « détracteur faussement rebelle », pris un peu de recul. Ainsi ai-je apprécié les films à mon goût, car cette troisième phase contenait en effet des bonnes surprises (Doctor Strange, Black Panther, Infinity War) tout comme des films moins intéressants (comme Thor Ragnarok auquel j’avais moins accroché).
En ce sens, Endgame ne fait pas seulement suite à un époustouflant cliffhanger, mais endosse surtout la charge de conclure onze années de « saga cinématographique », dont la cohérence a été maintenue jusqu’au bout, parfois au détriment de la créativité. Je pense que l’appréciation de ce film dépend alors de la sensibilité du spectateur avec ce projet. Attention, je ne prétends pas que le fan-service et les notes émotives sont censés camoufler les défauts de ce dernier Avengers, et j’en ai trouvé quelques-uns que je ne peux que détailler dans la partie spoiler. Juste que Endgame part d’un postulat qu’il vaut mieux accepter au risque de décrocher. On s’y attendait en effet : le film ne se suffit pas à lui-même et s’inscrit dans un contexte bien plus global. D’aucuns pourraient critiquer cet aspect, personnellement, cela ne m’a aucunement dérangé.
Trois arcs principaux divisent le film, chacun avec une ambiance distincte. Ayant revu récemment Infinity War, j’ai souligné son rythme haletant, qui ne laissait quasiment aucun moment de paix (sauf pour développer Thanos, et ça en valait la peine). Endgame prend le risque d’adopter une cadence plus lente, tantôt gravissime, tantôt mélancolique, ponctué de touches d’humour ne fonctionnant malheureusement pas toujours. Son principal atout réside en le développement de ses personnages, sortes de regards en arrière pour mieux avancer, en citant le film lui-même. Je respecte ce choix : si on voulait un film bourrin d’action jouissive, aux notes graves et tragiques, Infinity War avait été conçu pour. Avec son ton davantage intimiste, Endgame est plutôt dans le contemplatif. Mon principal problème avec ce choix était que le film perdait en enjeux et peinait à surprendre… Même si, à mon avis, il s’agissait d’une décision volontaire des scénaristes.
Pour parler en détail du film, je vais être obligé de spoiler, forcément lorsqu’on parle d’une conclusion :
On pourrait déjà plaisanter sur le fait que le film aurait pu se terminer sur les vingt premières minutes : les Avengers restants trouvent Thanos, fidèles à leur appellation, et d’un excès de rage, Thor décapite Thanos, lequel sort donc vainqueur de cette confrontation.
Même si l’on se doute que ce statut quo maintenu pendant cinq ans n’allait pas durer, j’ai bien apprécié les séquences sur les personnages après cette ellipse, notamment Iron Man en père de famille, la Veuve Noire en coordinatrice des héros restants et Captain America en conseiller. Beaucoup n’ont pas aimé le traitement de Bruce Banner devenu « Professeur Hulk » (s’apparentant alors au Fauve des X-Men). Lui ne m’a jamais dérangé, en revanche le Thor beauf et bedonnant était quelque peu ridicule. Je sais bien qu’ils voulaient montrer les conséquences de son échec, mais Infinity War avait bien mieux traité cet aspect du personnage.
La deuxième partie du film s’est focalisée sur le retour dans le passé et sur la collecte des Pierres d’Infinité. Comme moqué dans le film, les voyages dans le temps amènent toujours à des incohérences, et si Endgame n’échappe pas à la règle, cela relève surtout du pinaillage. De manière générale, j’ai trouvé ces séquences relativement inégales, avec des notables baisses de rythme. Pourtant nous sommes servis en quelques scènes émotionnelles de type nostalgique : Tony qui rencontre son père, Thor qui revoit sa mère, Steve sa bien-aimée, des coïncidences scénaristiques bien arrangées. Cette partie voit également l’arrivée d’un autre Thanos, bien plus bourrin et conquérant que sa version d’Infinity War, ce qui en a dérangé plus d’un. Pas moi, en l’occurrence : je l’ai considéré comme un personnage totalement différent, sans l’expérience d’Infinity War qui l’a rendu plus « sage » (même si ses motivations sont toujours génocidaires). Il était le « héros » de ce film-là, ici il n’est qu’un obstacle, sans lequel la bataille finale se serait révélée impossible. On peut encore chipoter : pourquoi Nebula s’est-elle rendue pile là où son père, sa sœur et elle-même étaient présents ? (Même si elle ne savait pas forcément, elle aurait pu se rendre sur Terre pour éviter les risques). Cette partie se conclut par le sacrifice de la Veuve Noire, plutôt inattendu avant la scène (bien que je me doutais que Hawkeye ne se sacrifierait pas à peine revenu), mais qui fait trop echo par rapport au décès de Gamora dans Infinity War (la musique étant exactement identique).
La bataille finale constitue la troisième partie du film, où cumule le fan-service à son paroxysme. L’arrivée des personnages anciennement « poussiérés », accompagnés d’une vaste armée, était peut-être prévisible, néanmoins la scène est jouissive grâce à une musique dantesque. Dommage que la bataille en elle-même se révèle assez courte, quoique ponctuée de fulgurances. Tout le film préparait à la mort de Tony Stark : terminer là où le MCU avait débuté. Son sacrifice était certes classique mais très bien rendu. Et puis, il fallait laisser de la place à un épilogue global, ouvrant des aventures pour certains personnages forcément peu mis en avant dans ce film, et fermant les histoires d’autres, comme Captain America.
Est-ce que Avengers Endgame marquera l’histoire du cinéma ? Est-ce qu’il sera retenu pour ce qu’il est ou ce qu’il aurait pu être ? Je l’ignore. Je ne suis qu’un spectateur comme un autre. Sans écarter ma réflexion, ni ma sensibilité, j’ai profité de ce film tel qu’il était. Parfois j’ai pinaillé, parfois j’ai grincé des dents, néanmoins j’ai apprécié ce spectacle final. Peut-être qu’au fond, je resterai toujours un fan des épopées super-héroïques.
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Créée
le 4 mai 2019
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