La boucle se referme sur un acte essentiel dans le Marvel Cinematic Universe, celui de l’Infinity War. Il s’agit d’un pivot dans le devenir de la saga, mais il s’agit avant tout de rendre hommage à 11 ans de travail et de partage. Les frères Russo ont alors concocté un divertissement, où aucune longueur ne se fait sentir et ne se fait regretter. Ce que l’on condamne reste dans les constats habituels, à savoir un humour poussif, mais surtout amené dans le mauvais timing, alors que le drame domine encore les esprits. Les enchaînements des faits sont donc parfois inégaux et ne rendent pas justice à certains personnages qui font leurs adieux à la franchise. Bien entendu, l’ensemble reste un énorme spectacle et base tout son intrigue sur du fan-service « utile », dans la mesure où l’on revisite les coulisses d’un univers qui nous a amené à l’instant où les héros sont en quête de revanche et de victoire.


Sans surprise, c’est la tragédie et la profondeur qui donne le ton. Un bref résumé bien mis en scène constitue toute la subtilité de ce long-métrage, qui se détache fortement des précédents volets, plus vertigineux mais plus fluide et cohérent dans le déroulement. Ici, la nostalgie est bousculée par les chaotiques changements de ton, car le film n’assume pas l’entièreté de la tragédie qui a frappé ces héros, déchirés et oubliés. L’échec n’est pourtant pas une option pour l’écurie Disney. Et tout comme leurs personnages emblématiques, ce sera dans le mélodrame qu’on tâchera de nous préserver des débordements scénaristiques. Si on est suffisamment concentré, on y verra le verre vide, mais n’oublions pas que l’optimiste et la simplicité font de cette saga une réussite pour le grand public qui n’attend que le rassemblement, l’unification des derniers espoirs et de filer à l’Anglaise avec les trophées, ou encore héritage des précédentes œuvres marquantes. Cela aura beau ne pas être une surprise pour beaucoup, mais l’émotion sera au rendez-vous.


Mais parlons de quelques élus, car leur traitement et le plus complet possible. Steve Rogers (Chris Evans) n’est plus qu’un homme avec son bouclier, seul, représentant une Amérique qui se perd dans les sillages du temps. Tout va trop vite pour lui, mais il sait toujours rester droit et il sait quand il doit se sacrifier. Et au lieu de penser qu’aux autres, il finit tout de même par trouver la paix et l’équilibre dans son esprit, en devenant un peu plus égoïste, chose que l’on comprendrait tout à fait. Autre nuance derrière Tony Stark, l’homme et le héros qui a lancé le MCU et Iron Man (notamment avec un Jon Favreau inspiré), où l’empathie le rattrape. Il aura beau être un grand narcissique ou avoir un alter ego démesuré (tout l’opposé de Captain America), il s’aura faire preuve d’humanité quand le monde aura besoin de ses services. Ce duo constitue le pilier de toutes ces premières phases, en dépit d’un Thor (Chris Hemsworth) qui a été remanié par nécessité. Ce dernier n’a plus rien de divin et tutoie enfin la mortalité et la tendresse. Tiraillé par ses échecs, il se laisse entraîner dans les facilités humoristiques qui redessinent son caractère noble. Il s’agit dorénavant d’un ressort comique, digne des standards de Marvel. Il ne reste alors plus qu’à accepter son combat intérieur, qui le pousse à évoluer vers une race de guerrier qui assume pleinement ses responsabilités de héros.


Le ballet dramatique et épique qu’est « Avengers : Endgame » remplit les cases une à une, rendant hommage à ses personnages et leur univers respectif. Ses défauts se comptent par dizaines et par maladresse, faute à une structure narrative cousue de fils blancs à ne plus savoir quoi en faire, de même pour la gestion de certains personnages ne justifiant qu’un deus ex machina révoltant. Cependant, l’émotion sera l’unique catalyseur utile et nécessaire afin de capter l’essence de cet épisode. Le point de vue tranche nettement avec le précédent volet, car Thanos (Josh Brolin) est également réécrit afin de laisser de la place à des héros revanchards et avide de paix. Ce méchant ne garde plus son pragmatisme et son charisme qui lui donnait sa force. On n’y dépeint que son aspect guerrier afin de servir un final dantesque, dont la plupart ne bouderont chaque instant passé aux côtés de héros… ceux qui nous auront accompagnés pour le meilleur et pour le pire. Le rapport entre le spectateur et la franchise est notamment générationnel, c’est pourquoi cette « fin » est belle, touchante et captivante.

Cinememories
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le 9 mai 2019

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