La fin ne justifie pas les moyens.(no spoil)

Je croyais à Thor qu'il serait difficile de parler en mal de ce dernier opus sans risquer de vous dévoiler une grande partie de l'intrigue. Au contraire, cela m'a permis de me restreindre à l'essence même du film. 0 spoiler, qui vous permettront de vous faire votre avis avant de franchir la porte du cinéma.

Il est tout a fait concevable que ce film satisfasse les attentes générales et soit un dénouement logique pour ses fans. En revanche, j'ai vraiment du mal à comprendre qu'on puisse le qualifier d'aboutissement et pire encore, de chef d’œuvre.

Je ne pense pas être la personne la plus qualifiée pour parler de la cohérence scientifique du film ni des aspects techniques de la réalisation. Après tout, on est dans un blockbuster fantastique, on sait ce qu'on vient voir. Lissé à souhait, tout y est plus ou moins prévisible.

Justement, si je me permets de critiquer ce film, c'est peut-être pour vous éviter de tomber dans le piège de la facilité tendu par les studios Disney. Ou bien de vous permettre de faire l'impasse sur un film qui deviendra avec le temps un bon navet. Puisque Endgame assume clairement les codes qui définissent le nanar mélodramatique. Du rire forcé au sentimentalisme trop prévisible, on évitera surtout de parler des incohérences scénaristiques présentes à tous les étages (cette critique prendrait sinon 10 pages). Et pourtant, en 3 heures, le temps n'est pas ce qu'il manquait pour combler les exigences du spectateur d'un point de vue narratif. Un durée convenable pour développer une intrigue surprenante et une morale complexe. Loin de là, les personnages majoritairement tournés au ridicule, sont réduits à quelques dialogues inutiles pour comprendre le sens d'un final joué d'avance.

En fait, ce qui avait le plus attisé notre curiosité dans le premier volet Infinity War est balayé en un claquement de doigts. L'espoir fait vivre et vu la durée du film, on se dit que les scénaristes ont prévu une porte de sortie originale pour contrecarrer la platitude et les longueurs du premier acte d'Endgame. Le succès immodéré d'Infinity war provenait justement de son caractère imprévisible et de sa qualité scénaristique, qui pour une fois se tenait dans un genre pas facile à sublimer.

On connaissait déjà la dimension comique vers laquelle tend Marvel depuis ces dernières années. Là où Infinity War l'employait avec parcimonie et avait fait preuve d'une certaine finesse, Endgame fait tâche. Si vous n'aimiez pas cela, ce film provoquera chez vous une profonde exaspération à la limite du malaise.

En résumé, Endgame me semble plus une déception qu'un échec, bien que l'amertume d'une critique à chaud s'estompera probablement avec le temps. Ce n'est pas que le film est mauvais en soi ; il n'est juste pas digne d'un succès aussi retentissant, et encore moins de la noblesse du postulat de départ. Même les plus grands détracteurs de ce type de superprod auraientt pu accorder une sorte de légitimité à Infinity War, tant son personnage Thanos cassait la conception manichéenne du super méchant. Pour une fois, ce dernier n'avait pas totalement tort et son cheminement intellectuel salvateur semblait presque louable, faisant écho avec les problématiques politiques actuelles. Or, dans Endgame, il n'en est rien. Thanos n'est qu'une vulgaire caricature de lui même, relégué en deuxième division, uniquement présent pour assouvir la soif de vengeance des supers gentils du MCU.

Ceci étant dit, il reste difficile d'attribuer une note à Endgame, qui demeure après tout un bon divertissement à la mécanique bien rodée. N'avions-nous pas placé la barre trop haute ? J'en ai bien l'impression.

Ce film est finalement à l'image du monde dans lequel nous vivons. Hypocrite, sensationnel, et qui n'a besoin d'aucune justification pour exister tant qu'il parvient à satisfaire l'exigence limitée de ses plus fervents défenseurs.