Endgame of stones
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Après 22 films, le Marvel Cinematic Universe se devait de franchir une nouvelle étape en termes d'ambition narrative. S'appuyant sur leurs milliards de dollars de recettes et des légions de fans rassemblés à travers le monde entier en dix ans, Disney sait qu'il peut se permettre de pousser la complexité de son récit à des niveaux jamais atteints par les autres franchises (hors série TV). La sophistication narrative - rejoignant le côté tentaculaire des comics - est même nécessaire pour ne pas lasser le spectateur avec la routine de récits répétitifs et inconséquents (comme c'était un peu le cas avec la phase 2).
Rarement matériel promotionnel s'est fait aussi laconique, avec des bande-annonces composées à moitié d'extraits des précédents films, à l'inverse d'autres blockbusters récents (Mission Impossible Fallout, Hobbes and Shaw, Godzilla 2) qui sont forcés de dévoiler une grande partie de leur intrigue pour tenter d'attirer un public plus volatile et moins investi dans leurs personnages. Cela témoigne de la confiance acquise par le MCU dans le build-up de son univers et de ses héros.
Arrivé à la fin de la phase 3 - et au terme des contrats de ses acteurs principaux (Robert Downey Junior, Chris Evans, Scarlett Johansson) - Marvel était dans l'obligation de leur offrir une dernière aventure épique et un adieu mémorable.
Et on peut dire que le pari est plus que réussi. Loin d'être gratuit, chaque retour dans une scène d'un film précédent, chaque conversation ou rencontre avec un être significatif, constitue un écho entre le passé et le présent de personnages. Le voyage dans le temps est là un instrument permettant de cimenter le caractère iconique de chaque héros.
C'est le travail fourni depuis les premiers Iron Man, Captain America et Thor - films compétents mais un peu bancaux - qui donne aujourd'hui tout son sens à cet opéra tentaculaire foisonnant de références, d'interconnexions et d'émotions.
L'ampleur narrative inédite dans le cinéma à grand spectacle. Kevin Feige est parvenu avec brio à apporter une conclusion satisfaisante à un récit d'une dimension tentaculaire, en offrant une fin émouvante et une retraite bien méritée aux personnages de Iron Man, Cap, Black Widow et en ouvrant la porte à la nouvelle génération de héros.
La dimension épique du récit : le retour des héros disparus lors du dernier acte est tout simplement jouissif. On peut faire le parallèle avec Ready Player One où l'affrontement final n'est qu'une accumulation sans queue ni tête de références en tous genres, alors qu'Endgame offre un sens et une résonance à la réapparition de tous ces personnages auxquels on a pris le temps de s'attacher. La galerie de personnages qui fait son retour frôle le ridicule (on pense à Valkyrie chevauchant son cheval ailé), mais on reste accroché à l'action grâce à la portée émotionnelle du récit.
Probablement le film Marvel le plus chargé en émotions. Jusque-là, je leur ai souvent reproché d'avoir fait des films sans conséquence où les héros ne meurent jamais, mais la composante émotionnelle n'a heureusement pas été négligée dans Endgame. Les retrouvailles de Ant Man avec sa fille, la réunion de Thor avec sa mère, la conversation entre Tony Stark et son père et bien sûr la mort d'Iron Man : les occasions sont nombreuses pour que le fan verse sa petite larmichette.
Le féminisme forcé dont on voit poindre le bout de son nez sur un plan qui se veut iconique mais qui m'a semblé artificiel (celui où les super-héroïnes s'assemblent autour d'un Spiderman apeuré). Je suis le premier à saluer la féminisation du MCU mais nul besoin d'en faire des caisses.
On l'a dit et redit, donc inutile d'insister sur ce point, mais les frères Russo (comme la plupart des réalisateurs du MCU) ne sont pas des as de la mise en scène. Cette dernière est relativement fluide, les combats pleins d'impact, mais la bataille finale est plongée dans une obscurité un peu trop pesante et un chaos un peu trop illisible.
Quelques incohérences scénaristiques qui viendront inévitablement avec la problématique du voyage dans le temps. On pense notamment au retour des pierres d'Infinité ramenées dans le(s) passé(s) par Captain America (qu'est-ce qui empêchera un Thanos du passé de s'en emparer à nouveau?), mais je laisse aux fans les plus consciencieux le soin de s'y attarder plus longuement que moi.
Si la forme est très réussie, le fond ne cherche pas à aller au-delà du film de divertissement et à s'attarder sur les problématiques de société qui ont été rapidement caressés par le rêve malthusianiste de Thanos dans Infinity War.
"Film-somme concluant de manière ultra-satisfaisante la première décennie du MCU, Avengers: Endgame parvient à surpasser les attentes immenses qui ont été placées en lui. On attend de voir ce que Marvel va nous proposer pour la phase 5. Réussiront-ils à nouveau à nous surprendre ? Les univers alternatifs entreront-ils à nouveau en collision pour encore plus de richesse narrative ? Toujours est-il que la barre a été placée très haut."
Créée
le 21 oct. 2019
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