Whedon, le donneur de leçons

Si on pouvait espérer un léger revirement chez Marvel après un Gardiens de la Galaxie passable mais agréable, la situation catastrophique sur le projet Ant-Man et ce nouvel Avengers made in Whedon finissent d'enterrer le peu d'espoir que l'on avait mis dans le studio. Age of Ultron ne s'avère pas que mauvais, mais représente toute la dégénérescence d'un genre.

S'ouvrant sur l'un des plus mauvais plan séquence de ces dernières années, ce nouvel Avengers annonce la couleur dans l'esprit d'un film qui voudra à tout prix vous en mettre plein la tête, à grand renforts de mouvements de caméra virtuels et d'incrustations ratées qui ne révèlent que le manque d'implication du réalisateur. Osons même dire que la première séquence du film représente à elle seule tout ce qui ne fonctionne pas dans le nouveau film de Joss Whedon : un aspect visuel cheap, un montage pas toujours lisible, des blagues ringardes entre les différents protagonistes et des personnages particulièrement mal mis en valeur. Étonnant, quand cela devrait représenter le cœur même d'un film de ce genre, rassemblement de super-héros qui font face à une plus grande menace que la leur. Plus grave est surtout que c'est Whedon himself qui ne peut s'empêcher d'aller donner des leçons aux autres en grand ''créateur'' qu'il est, dénonçant le sexisme dans le milieu ou encore le fait que Marvel ne laisse pas les auteurs s'exprimer. Il est pourtant ici un simple yes-man, délivrant un produit sans saveur et remâché comme un vieux chewing-gum. On y verra un grand méchant ''très intelligent'' n'ayant jamais plus d'ambition que de ''détruire le monde'', une Scarlett Johansson femme-objet reflétant une image stéréotypée dans ce qui est probablement la pire relation amoureuse de l'histoire des super-héros, ou bien des comic reliefs digne d'Eddy Murphy dans Big Mama. En ajoutant à cela une photographie particulièrement pauvre en nuances (jaune ou grisâtre selon qu'on est en Afrique ou en Russie, subtil) et toujours cette sensation d'être plus face à une production télévisuelle qu'un vrai film de cinéma, on ressent tout le désespoir du monde se poser sur nos épaules.

Si Avengers premier du nom était médiocre, mais proposait au moins quelques idées de mise en scène derrière sa plastique lourdingue gavée au pop-corn, Age of Ultron ne révèle que son ambition factuelle sans jamais essayer d'harmoniser le tout. Ça hurle, ça explose, ça vend des Adidas et des Beats et surtout, ça ne fait rien ressentir. Comme d'habitude, la dramaturgie est inexistante, nous laissant face à un produit de consommation bas de gamme comme un Call of Duty sort tous les ans sur consoles. Un produit calibré, sans implication, qui n'essaiera même pas de changer notre rapport au genre et ira piocher certaines de ses idées dans les dernières productions du studio. Joss Whedon ne se cache même plus, il assume lui-même sa médiocrité, et Marvel son incapacité à développer des projets autrement qu'en séries interminables.

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