Gros budget classique

Toute la bande est là, et c'est reparti pour un tour. C'est l'occasion donc d'effectuer la comparaison entre ancien et nouveau, et de ce replonger sur ce ras de marée qu'avait été le précédent opus. 1,5 milliards de recettes, contre 1,2 ici, bien que quelques retardataires fassent encore grimper les chiffres. La nouveauté de la formule laissait craindre le pire et augurait aussi du meilleur dans la gestion de l'action, le résultat avait été à ce niveau : plutôt efficace et tentant de bien équilibrer le métrage, une heure avec Loki puis un dernier acte très pyrotechnique. Le nouvel Avengers donne immédiatement le ton avec une scène d'action badass qui met tout le monde en scène et nos petits méchants allemands qui se préparent pour la dérouillée du siècle. Puis arrivent quelques évènements imprévus et l'avènement d'Ultron.

Autant l'écrire tout de suite, le film vaut largement son prédécesseur, et se révèle même meilleur sur plusieurs tableaux. Bien que j'ai tendance à m'attacher aux détails, une telle machine à grand public se doit déjà de fonctionner, et Age of Ultron est ultra rodé à ce niveau. C'est davantage la lassitude qui parle, les films marvel finissant tous par se ressembler à force d'actions super héroïques et de méchants voulant toujours changer la face du monde... Un retournement cataclysmique me semble maintenant la seule manière de renouveler un temps soit peu l'ambiance de ces films, qui s'alourdissent un peu plus à chaque nouvelle sortie alors qu'ils s'améliorent formellement (Thor est à cette image, même si il doit s'agir de la plus mauvaise des franchises avec Amazing Spiderman). Avengers 2 souffre donc d'arriver trop tard, mais s'avale sans le moindre problème. On peut remercier Josh Whedon qui a pris soin des dialogues, ces derniers regorgeant de détails attachants, très référencés à l'univers Marvel tout en parvenant à faire des privates jokes qui fonctionnent. Le traitement d'Oeil de Faucon gagne aussi en rigueur, comme il était le seul personnage encore un peu humain du lot, le traiter comme tel finit par faire plaisir. Rien à redire question pyrotechnie, tout explose avec suffisamment de rythme pour flatter l'oeil.

Les points négatifs sont davantage à nuancer, car la notion de cohérence est assez relative dans l'univers Marvel. Néanmoins, peut-on pousser une gueulante quand un Nick Fury sorti des oubliettes réapparaît avec un porte avion volant tout neuf tombé du camion ? Peut on gueuler quand le seul plan élaboré par le méchant se révèle ridiculement compliqué, et encore plus ridiculement déjoué ? Je veux dire, à part donner de multiples occasions aux avengers de l'arrêter, je ne vois pas quel était le but d'Ultron. Sa petite théorie sur l'évolution ne tient pas vraiment, servant surtout de prétexte pour l'apparition d'une surprise qu'on ne s'amusera pas à spoiler. Sinon, pas grand chose à faire, la vision un brin Frankenstein d'Ultron participe aussi au goût de déjà vu de l'ensemble, sans que ses petites allusions à Pinocchio ne parviennent à nous dérider. Il semble de toute façon que le cinéma de Marvel, qui s'articule de plus en plus comme une série cinématographique, ne puisse plus s'arrêter maintenant et persiste dans cette direction, avec quelques évènements forts pour tenter de rassembler un peu tout le monde. Quand on voit de toute façon le score du dernier Fast and Furious, on se dit que des explosions et un peu d'exploitation (ici, des références et un peu d'humour bon public) marcheront toujours. Il n'y a pas de déception à avoir pour Marvel, il n'y a juste plus d'attentes, le coeur de gamme est dévoilé. A ce jeu, seul Les gardiens de la galaxie a créé la surprise. Cela durera-t-il ?