"T'inquiète Buck, Errol est là"
J'ai découvert assez récemment que cette oeuvre de Walsh était considérée comme l'une de celles ayant changé le genre du film de guerre. J'ai donc sauté le pas, me suis procuré le dvd et suis parti en Birmanie avec Errol Flynn et ses paras.
Impossible d'occulter le contexte dès lors qu'il s'agit d'aborder un film sorti en janvier 1945, soit de longs mois avant la fin de la guerre. Si cette dernière est gagnée depuis belle lurette par les Alliés, il reste encore à en convaincre les Nazis en Europe et l'Empire du Soleil levant dans le Pacifique. Alors oui, nécessairement, ce film est destiné au moral des Américains. Oui, bien entendu, il est propagande. Le Japonais est un monstre qui va torturer et mutiler de pauvres GIs, ces derniers étant nécessairement de braves types. Bien entendu, la mission consistant à pulvériser une station radar va réussir, bien entendu le héros, Nelson alias Flynn, va s'en sortir au final. Moults Nippons "Monkeys" vont mordre la poussière, les pertes américaines étant bien plus minimes. Et oui, ce film est raciste, dans un pays encore marqué par la ségrégation, le contraire serait un poil décalé. Et puis, dans la guerre, c'est mieux de combattre des monstres non ? Au moins celà fait-il de vous les gentils ...
Par moments, ce film est aussi caricatural que faible ; les soldat US ont toujours une vanne prête à l'emploi, Flynn est un superbe héros paternel digne de John Wayne dans Le diable de Guadalcanal, l'attaque de la base nippone est d'un ridicule absolu lorsque, un peu à la manière de Hotshot 2 les cadavres s'amoncèlent sans qu'aucun soldat US ne soit inquiété. La séquence finale de l'assaut de la colline, de nuit, est déjà plus intéressante, rappelant même la séquence de fin terrible de Platoon. Les ronchons pourront toujours arguer, avec raison, que les soldats nippons étaient souvent équipés de mortiers de 60 qu'il eut suffit de mettre en batterie pour pulvériser le modeste retranchement de paras sur cette colline totalement ouverte aux assauts. En plus, au regard du surnombre, il eut été assez aisé d'attaquer de 3 côtés différents pour les submerger. Certes, mais un film de guerre américain en janvier 1945 qui se finirait par une boucherie du côté US, ce serait juste idiot au possible. Inutile donc de faire un procès, la Corée et surtout le Vietnam ne sont pas encore passés par là.
Le film, malgré ces remarques, ne manque pas de certaines qualités. Le sujet déjà ; si les Américains tirent la couverture à eux en occultant largement les Anglais jusqu'au générique final, la guerre du Pacifique évoque plus aisément les îles que cette jungle impénétrable. Côté réalisme, on évoque la peur des soldats, certains doutes parfois. Les plans sur les visages en sueur, une véritable crise de nerf d'un jeune paras craquant littéralement, c'est assez nouveau. Bien entendu, A l'Ouest Rien de Nouveau de Milestone, plus vieux de 15 ans, abordait déjà avec beaucoup plus de force les atrocités de la guerre. Oui mais ce témoignage avait le recul du temps ; je me répète, mais ces aventures sont tournées en pleine guerre et la place du pamphlet anti militariste et guerre n'avait pas sa place.
Autre bonne surprise, cette ambiance de jungle assez immersive, lorsque la musique pompière est tout simplement éteinte. Quant à l'ennemi, s'il est un monstre, il n'est pas totalement dénué de réflexion et sa ruse, son agressivité sont souvent louées et craintes. Dans ce sens, la dernière séquence guerrière leur rend un minimum honneur.
Un film intéressant donc, porté par un superbe Errol Flynn. Certainement pas un chef d'oeuvre du film de guerre, mais une oeuvre qu'il ne faut pas jeter. Inférieur à "Côte 465" d'Anthony Mann, il est supérieur au terrible Bérêts Verts porté par un Wayne au firmament de la connerie propagandiste. car pour le coup, le Vietnam n'était plus la Birmanie de 45 ...
Mon titre ? Dédicace à Buck Danny et à l'album "Attaque en Birmanie" !