Énième manifestation des spécificités régionales : tous les films de propagande ne se valent pas. Les films de guerre sortis aux États-Unis au milieu du XXe siècle ne brillent pas par leur mesure ni par leur pertinence, mais alors si l'on ajoute à cela une production réalisée avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, autant dire que les curseurs du patriotisme sont poussés encore au-delà. Je sais bien qu'il ne faut pas prendre "Objective, Burma!" pour un film contestataire du Nouvel Hollywood mais ça n'a reste pas moins un film de Raoul Walsh en mode très gros bourrin. "Gentleman Jim", certes pas du domaine guerrier mais malgré tout sorti en 1942, appartient tout simplement à une autre dimension.
C'est un film pour montrer la supériorité de l'armée américaine sur celle japonaise et ce en tous points : technique, tactique, morale. Les GIs sont une petite troupe en mission en Birmanie qui dézingue un régiment ennemi à elle seule sans subir la moindre perte lors de la première phase, ce sont des super héros. En plus de ça, ils constatent les crimes de guerre et les horreurs commises par les Japonais, alors qu’eux ce sont des bonhommes qui ont un sens du bien et du mal — conclusion, il faudrait annihiler les Japonais de la surface de la terre, dira explicitement un personnage. Sans parler des références constantes aux ennemis qualifiés de singes... Bien sûr, on est tout début 1945, les Japonais sont encore les auteurs de l'attaque sur Pearl Harbour et rien d'autre, mais bon, ça n'empêche pas le film d'avoir extrêmement mal vieilli et de se faire franchement gênant, et ce pendant 2h20.
Après, sur le plan purement fictionnel, ce n'est pas beaucoup plus signifiant, les soldats américains sont tous des héros courageux qui meurent pour la patrie, ils vivent l'enfer de la jungle comme nous le rappelle la bande sonore qui ne tarit pas de cris d'animaux exotiques, etc. Qu'on puisse qualifier cette histoire de quasiment documentaire laisse bien songeur, en tous cas vu d'aujourd'hui, malgré les tentatives de rendre le tout immersif avec des décors réels. Mais bon, franchement, il n'y a qu'à voir les deux principaux combats, c'est d'un ridicule sans nom, les Japonais filent à l'abattoir comme des brebis se jetteraient du haut d'une falaise en suivant la première. La mort est belle, l'honneur est sauf, la guerre est juste, bref, tout l'inverse de films comme "Merrill's Marauders" de Samuel Fuller, sur un sujet très proche.