Simon Coulibaly Gillard signe avec ‘Aya’ le sensible portrait d’une adolescente ivoirienne. On y suit Aya une jeune femme Aya qui grandit avec sa mère et son petit frère sur l'île de Lahou. Joyeuse et insouciante, elle aime cueillir des noix de coco et dormir sur le sable. Cependant, son paradis est voué à disparaître sous les eaux. Alors que les vagues menacent sa maison, Aya fait un choix : la mer peut monter, mais elle ne quittera pas son île.
Le réalisateur rend très bien sur l’écran, sans tout de fois être particulièrement original, les tourments de cette adolescente. Elle est insouciante, vit dans sa bulle, vit sa première histoire d’amour. Elle s’ennuie, s’isole des autres. Elle a évidemment l’âge où l’on pense que personne ne nous comprend, et est à cet égard assez ingrate avec sa mère. Ce n’est qu’en prenant du recul, en s’éloignant des siens qu’elle murira et comprendra que sa vie sur cette île n’était finalement pas si horrible.
Le film impressionne aussi par sa capacité à filmer le quotidien de cette île. On voit la vie s’écouler, le travail de filtration du manioc, la pêche. Le film serait un paradis pour touristes avec sa plage, la mer, les cocotiers. Mais ici, cette île de Lahou est en fait le théâtre d’une vraie misère. Aya vit avec sa mère et son frère au bord de la mère dans une maison assez rudimentaire entourée de déchets plastiques. La maison est menacée par les agressives marées et l’érosion de la plage. Pourtant, Aya n’en démord pas. Elle restera sur place. Evidemment, cette île contraste avec l’Abidjan, ville très industrialisée.
J’ai également beaucoup apprécié le personnage de la mère assez complexe. Partagée entre l’éducation stricte et la culture locale, elle aime sa fille mais peux se montrer sévère mais pas toujours très juste. Elle peut d’ailleurs se montrer assez glaciale, notamment quand elle menace sa fille si elle tombe enceinte. Sa fille l’exaspère par moment mais les deux femmes sont capables de beaux moments relationnelles.
Ce film sur une relation mère-fille aurait été convenu s’il se déroulait en Europe ou aux Etats-Unis. Mais le cadre de cette île ivoirienne, particulièrement bien exploité, rend ce film suffisamment intéressant pour se déplacer au cinéma.