Navrant constat que de voir constamment ce pauvre Gorō Miyazaki tenter de marcher sur les pas de son paternel. Comme lui, il travaille au Studio Ghibli, à la différence que ses longs-métrages n'ont jamais fait l'unanimité et restent relativement pauvres. Comme lui, il a décidé d'adapter un roman de Diana Wynne Jones, en l'occurrence ici l'inédit chez nous "Earwig and the Witch". Hélas, le court roman est particulièrement pauvre, pas vraiment magique ni très réjouissant. Un bon scénariste aurait pu l'étoffer et proposer quelque chose de drôle et d'envolé, chose que n'est nullement Keiko Niwa, déjà responsable des plus mal rythmés films du studio.
Avançant à un rythme de gastéropode, l'histoire originale narrait la petite vie sans grande envergure d'une orpheline aux pouvoirs magiques adoptée par deux sorciers. Inspiré par les écrits de Roald Dahl, le récit ne proposait pas grand chose et pouvait être lu comme un bref conte à la morale douteuse et au dénouement quasi-abrupt (la publication posthume de l'œuvre pourrait signifier qu'elle n'était probablement pas totalement terminée). Bref, un livre rapidement oubliable. Miyazaki décide de conserver la trame à la virgule près, n'ajoutant qu'une petite sous-intrigue aussi maladroite qu'incomplète, dont on se demande encore l'utilité. Pour le reste, c'est mou, ennuyeux, jamais drôle et animé de la pire façon qu'il soit.
Car pour ce téléfilm lancé on ne sait pour quelle raison par le bienveillant Toshio Suzuki et soutenu par un Hayao que l'on croirait particulièrement hypocrite, c'est à travers une animation 3D que le projet est lancé, une animation dégueulasse, parfois approximative, à la fluidité relative, aux textures absentes et au lip-sync désastreux. Et dire que Lupin III est sorti un an auparavant (même si ce n'est pas le même budget, qu'on soit d'accord) alors que Aya et la Sorcière ressemble à un DTV de Barbie ou du Cygne et la Princesse... Même la musique ne semble que peu inspirée. Sans aucun doute le pire film de l'illustre studio qui se doit impérativement de virer ce fils incompétent, gauche quand il s'agit de mise en scène et tout bonnement incapable de proposer ne serait-ce qu'un film pleinement réussi.