La maxime selon laquelle simplicité rime avec efficacité n’est pas infaillible et serait même facile à démonter au cinéma. Dans le cas présent de cette minuscule série B horrifique, c’est pourtant on ne peut plus vrai. En effet, « Azrael » va mettre de côté tout le superficiel, l’emballage contextuel qui enveloppe en général un film. Et ainsi nous livrer une sorte d’expérience viscérale de survival, où la théorie est aux abonnées absentes pour laisser uniquement libre cours à la pratique. Le pitch pourrait se résumer à cela : dans un monde qu’on suppose postapocalyptique et où certaines communautés ont perdu l’usage de la parole avec le temps, on offre des humains en sacrifice à des créatures assoiffées de sang. Et, pas de chance pour elle, notre héroïne va être ladite offrande mais elle va parvenir à s’échapper et on va suivre durant quatre-vingt minutes sa lutte à la fois contre sa tribu mais aussi contre les créatures. Pure film conceptuel, « Azrael » va encore plus loin en faisant le choix de l’absence de dialogues pour épurer encore plus sa narration et se limiter à une course-poursuite non-stop un peu comme ce que « Mad Max : Fury Road » était au blockbuster d’action, toute proportions gardées bien sûr. En ce sens, l’univers dépeint ici en toile de fond n’est que suppositions... Que s’est-il passé? Ces créatures sont-elles des anciens humains, des aliens, des démons? Pourquoi cette communauté vit de la sorte et vénèrent une entité maléfique? Pourquoi ailleurs, la vie (et la parole) semble de mise quand on voit la scène avec l’automobiliste? Autant de questions qui resteront volontairement sans réponse, le script de Simon Barrett étant sibyllin au possible pour que le spectateur se fasse ses propres réponses par le biais de ces pointillés narratifs. Ce qui pourra en frustrer plus d’un, ce manque de contextualisation étant clairement peu commun et le fait que quasiment aucune parole ne viendra nous éclairer n’aide pas. Mais c’est un choix assumé et qui colle parfaitement à ce récit de survie en milieu hostile.
On pourra en revanche tiquer sur le manque d’originalité de ce premier long-métrage qui pioche un peu partout dans des classiques de l’horreur : de « The Descent » pour les créatures à « Le Rituel » pour l’aspect occulte en passant par « Délivrance » pour la chasse à l’homme (enfin la femme ici) ou encore n’importe quel slasher forestier, on ne peut pas dire que « Azrael » invente quoi que ce soit. Mais le savoir-faire technique de E. L. Katz en matière de suspense, de tension et de frissons est plutôt roboratif et montre qu’en matière de film de genre, on peut toujours satisfaire son audimat. Surtout qu’on suppose le budget de ce petit film très serré, c’est d’autant plus appréciable et remarquable. On ne voit pas le temps passer, les séquences de poursuite, d’affrontements de toute sorte et de traque s’enchainant à bon rythme et ne lésinent pas sur quelques saillies joyeusement gores. Les créatures sont très effrayantes voire repoussantes et on en a pour notre argent niveau tripaille et giclées de sang. Le final satanique n’était pas forcément utile mais quand on connait la signification du titre, il y a une certaine logique. Et terminons sur l’impeccable prestation sportive et physique de Samara Weaving qui confirme après, entre autres, « Wedding Nightmare » et « Scream 6 » qu’elle est une excellente scream queen ou final girl, comme on préférera. Surtout dans un rôle sans parole où tout passe par le geste et le regard. Une petite série B viscérale, simple et bien fichue donc qui se concentre sur l’essentiel en occultant tout le gras. Pour le meilleur plus que pour le pire si on est client!
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