Quand le réalisateur du déjanté Versus adapte le manga "Azumi" de Yū Koyama, le résultat ne peut être que plus exaltant. Pourtant, si le long-métrage n'est pas un échec, il n'est pas non plus une réussite à proprement parler... Lorgnant extrêmement près des 13 Tueurs d'Eiichi Kudō, le scénario s'avère finalement très basique pour ne pas dire creux : à l'époque Sengoku, un groupe d'assassins entraînés depuis le plus jeune âge s'en va assassiner trois seigneurs pour le compte de la dynastie du shogunat Tokugawa afin d'éviter une nouvelle guerre civile.
Sur leur route, ils rencontreront des adversaires de plus en plus redoutables et puis voilà, c'est à peu près tout... Chambara on ne peut plus classique, Azumi n'a hélas pas l'étoffe d'un Sept Samouraïs ou de n'importe quel Zatoichi. La faute à une histoire très basique, des personnages peu charismatiques et pas assez travaillés ainsi qu'une interprétation fortement inégale. Quasiment peuplé de combats à l'épée, le film ne propose au final rien de vraiment marquant si ce n'est un affrontement final instantanément ancré dans les annales où notre héroïne décime à elle seule plus de 200 adversaires (du jamais vu).
Malheureusement, son personnage est assez vide alors qu'il y avait moyen de creuser sur ce protagoniste exclusivement féminin au milieu de tueurs sanguinaires. Mais Ryûhei Kitamura, plus préoccupé par l'action omniprésente, délaissera tout le caractère psychologique au profit de séquences frénétiquement mises en boîte. Plus encore, le personnage d'Azumi est contre toute attente absent par moment, l'intrigue se resserrant principalement sur ses compagnons ou tout simplement le groupe d'assassins qui constitue ses frères d'armes.
Le contexte historique est sauf mais il faudra donc attendre les vingt dernières minutes pour que l'héroïne du titre n'ait la part belle. Pour le reste, le long-métrage est esthétiquement réussi, dynamique malgré quelques baisses rythme et des scènes dispensables, filmé à la perfection par un Kitamura toujours autant excité, avec ce qu'il faut de combats sanguinolents et d'humour pour ne pas totalement regretter le visionnage. Ceci dit, on espérait mieux de cette adaptation et plus encore pour un chambara moderne.