Au cours du Moyen-Age vivent dans une grande demeure deux enfants élevés comme deux frères par la même nourrice: Jenane. L'un, Azur, fils du châtelain, est blond aux yeux bleus, et l'autre, Asmar, fils de la nourrice, est brun aux yeux noirs. Les chansons douces et les contes vont bercer l'enfance des enfants et notamment le conte de la Fée des Djins. Un jour la cassure va se produire; les deux frères sont séparés, la nourrice est renvoyée avec Asmar dans son pays, de l'autre côté de la Méditerranée. A partir de ce moment, les deux frères n'auront qu'un idéal dans leur vie: retrouver cette fameuse fée belle et bienfaisante au péril de leur vie.
Le réalisateur Michel Ocelot s'était fait connaître de manière magistrale par son adorable petit héros: Kirikou. Le voici de retour avec cette nouvelle oeuvre elle aussi très attachante; néanmoins les deux frères, si sympathiques soient-ils, n'ont pas selon moi le charme de Kirikou. Malgré tout, ce film au demeurant excellent et servi par une technique sophistiquée et remarquable, le 3 D, recèle de bonnes idées et d'excellentes intentions. En effet, ces deux enfants aux cultures différentes, séparés malgré eux durant une longue période vont finalement fraterniser malgré des retrouvailles difficiles dues aux aléas et aux malentendus de leurs jeunesses. L'amour que porte Jenane, la mère d'Asmar, envers Azur et sa sagesse vont alors renverser les montagnes et permettre aux deux jeunes hommes qu'ils sont devenus, d'atteindre leur but et voir se réaliser leur rêve de gamins . De nombreux personnages originaux et curieux nous tiennent compagnie tout au long de cette histoire et nous guident avec allégresse dans le royaume des "Milles et Une Nuits". Les actrices et acteurs qui prêtent leurs voix sont vraiment au diapason, notamment Patrick Timsit, Hiam Abbass et Fatma Ben Khell.
C'est en fait plus "l'esprit" de l'intrigue que son originalité qui intéressera les plus grands car ce conte met en valeur les croyances, les superstitions, les coutumes et la sagesse d'un peuple attachant que le réalisateur nous décrit avec émotion et amour. De plus, ce film possède également un attrait documentaire en nous décrivant les paysages arides parcourus et en nous faisant découvrir guidés par un Crapoux, clochard opportuniste et ambigu, les arômes et les senteurs d'un marché arabe. Une adorable petite princesse espiègle et éprise de liberté nous explique avec candeur l'utilité des grands édifices de sa ville. C'est vrai que pour les petits le temps paraît peut-être un peu long avant d'en arriver à ce qu'ils attendent tous: la libération de la Fée des Djins. Mais pour les grands enfants que nous sommes restés, quel bonheur d'effectuer ce voyage féerique en croisant, de-ci de-là , des personnages aussi divers que drôles et surprenants!
Cette épopée d'une profonde sagesse et d'un esthétisme consommé fait rêver petits et grands à un monde de paix et de fraternité au-delà des principes et les religions. Dans ce louable domaine, Michel Ocelot n'en est pas à son coup d'essai. Ses messages puissent-ils être un jour entendus et suivis par tous? Dieu que la vie serait belle et sereine...