Ce que l'on retiendra surtout de "Azur et Asmar", nouvelle tentative de Michel Ocelot d'emmener l'animation vers des territoires thématiques et graphiques inexplorés par les studios américains comme par l'anime japonaise, c'est l'incroyable beauté de ses images, amalgame improbable d'univers stylistiques hétérogènes (à la croisée de l'Orient et de l'Occident, puisque c'est le sujet du film) : le passage à la 3-D des personnages se fait ici sans rien perdre de cette grâce mystérieuse qui illuminait les à plats de "Kirikou", tandis que l'utilisation de la couleur, moins strictement codifiée, apporte mille sensations parfois bouleversantes (on pense au moment littéralement magique où Azur ouvre les yeux pour que sa nourrice le reconnaisse !). Si la limite du film est sans doute l'aspect assez lourdement démonstratif d'un scénario qui se veut leçon de tolérance, il convient néanmoins de ne pas sous-estimer la difficulté d'un message aussi ouvertement humaniste et pro-arabe dans notre monde actuel. [Critique écrite en 2006]