Baby Boss
5.6
Baby Boss

Long-métrage d'animation de Tom McGrath (2017)

DreamWorks retombe en enfance pour se relancer

Depuis les débuts de l’animation, les studios Pixar et DreamWorks se sont toujours tirés dans les pattes, comme deux bébés se battant pour un doudou. Mais alors que le premier s’est émancipé au fil des années dans l’originalité et la poésie, le second est resté très premier degré, se contentant de plaire à un large public. Et si certains titres sont sortis du lot ces derniers temps (la saga Dragons, Les Croods, Les Cinq Légendes), peu de films de la firme au pêcheur lunaire se sont réellement faits remarquer. Pour preuve, les succès commerciaux sont de plus en plus rares. Il aura fallu la petite surprise des Trolls pour remettre le studio sur le devant de la scène. Un retour que vient confirmer le nouveau-né de DreamWorks, Baby Boss, un divertissement qui se présente au public comme du petit lait.


Pourtant, pas mal de choses pouvaient rebuter avec ce film d’animation. À commencer par son visuel, très approximatif sur le papier. Alors que du côté de Pixar, Disney, Illumination Entertainment et Blue Sky, l’animation se rapproche de plus en plus de la réalité (d’un point de vue général ou bien sur de minuscules détails), Baby Boss reste incroyablement sommaire : textures grossières, personnages caricaturaux au possible, un côté plastoc au visuel… tout ce qui pourrait faire croire à un long-métrage étant resté à l’état de nourrisson. Est-ce mauvais pour autant ? Étant donné que c’est voulu, bien sûr que non ! Le réalisateur Tom McGrath (à qui nous devons la trilogie Madagascar et Megamind), voulant à tout prix s’éloigner du réalisme pour revenir à l’aspect cartoonesque de l’animation de base, assume pleinement son parti pris en ne se concentrant que sur le côté délirant de son projet. Lui prodiguant pour le coup une animation 3D haute en couleurs, déjantée au maximum et à la fluidité explosive. Saupoudrant même le tout de sympathiques séquences en 2D, qui rappellent la période Cartoon Network (Le Laboratoire de Dexter, Les Super Nanas…) et ramènent en enfance. Ce n’est pas forcément beau à regarder, mais Baby Boss ne prétend pas être un magnifique film d’animation. Plutôt un cartoon grand format de très bonne facture.


Même du côté du scénario, le long-métrage pouvait faire craindre le pire. En effet, en partant d’un postulat certes délirant au possible mais finalement limité, l’ensemble aurait très bien pu plonger dans l’humour caca prout comme laissaient suggérer les bandes-annonces (à base de fesses, de vomis et de pets). Surtout que de la part de DreamWorks, il fallait s’attendre à un projet se reposant sur son idée et ne visant que le jeune public. Mais contre toute attente, en plus de mettre dans le mille avec ses gags enfantins et le charisme de son bébé en costard, Baby Boss s’offre plusieurs niveaux de lecture surprenants. Comme la caricature bienvenue du monde des commerciaux. Ou encore de l’imaginaire des bambins. D’ailleurs, à bien y regarder, le film prône comme il se doit ce qui se passe dans la tête d’un garçonnet de 7 ans tout au long du film. Via les fameuses séquences en 2D mais également l’ensemble du scénario. Car à bien y regarder (et sans spoiler), ce qui est montré dans Baby Boss pourrait très bien provenir de l’esprit ludique et fantasmé du jeune Tim. Et tout cela pour quoi ? Pour du divertissement, oui, mais aussi pour conter une histoire d’amour fraternel au combien efficace.


Il est cependant dommage qu’avec tout ce délire assumé qui régale au plus haut point – on passe même par des séquences de courses-poursuites, dont une comportant une explosion à la Michael Bay, c’est pour dire ! – Baby Boss se calme dans une seconde partie préférant laisser place aux bons sentiments. Quelque part, le film en devient plus attachant, l’éloignant pour le coup des autres titres plats de la firme. Mais on aurait tout de même souhaité avoir un divertissement déjanté de bout en bout. Notamment avec ce bébé mémorable qui bénéficie de l’excellente voix d’Alec Baldwin (quoique Stefan Godin pour la VF s'en sort également de son côté) qui assure pleinement le spectacle à chacune de ses apparitions. La durée de 1h40 devenue standard pour les films d’animation en est sans doute la cause : il aurait peut-être fallu la réduire rien que pour ce Baby Boss, ce qui lui aurait évité un final qui s’éternise et un politiquement incorrect cartoonesque qui s’amenuise.


Qu’à cela ne tienne, Baby Boss permet à la firme de retomber en enfance – et nous avec – pour mieux se relancer ! Un divertissement déjanté qui assume de vive voix son parti pris et offre aux spectateurs tout ce qu’il faut pour passer un agréable moment en famille et même entre potes. C’est sûr, depuis quelques mois, DreamWorks entame son renouveau et va sans aucun doute renouer avec le succès.

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6

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