Navet ou pas navet. Mon cœur balance. Rarement, un film me laissa dans une telle indécision. Examinons les faits.
Baby Boss est une comédie familiale. Le pitch recycle une idée de Cigognes et compagnie : « Comment fait-on les bébés ? Ils sont conçus et livrés par une entreprise » Ici, les cadres de la firme sont des bambins. Sélectionnés à la sortie de la chaine de montage pour intégrer l’effectif, ils vieilliront mais conserveront, à l’aide une drogue ad hoc, leur taille de nourrisson. Les autres bébés sont livrés à des parents en manque affectif. Or, un concurrent gagne des parts de marché (d’amour parental) et annonce la sortie d’un révolutionnaire chien de compagnie. Baby Corp est inquiet et envoie son prometteur DG en mission chez le couple Templeton. En effet, ces derniers dirigent le marketing du vendeur de clebs. Leur fils unique, Tim, voit dans le bébé cravaté un rival ! Une fois ce contexte admis… Laissez-vous porter. C’est drôle, mes filles ont ri. Moi, beaucoup moins. Pourquoi donc ? Baby Boss autorise deux lectures.
Un premier niveau, farfelu mais simplifié. Baby Boss est un bébé différent. À l’image de mes amis Calvin and Hobbes, les deux frères rivalisent d’imagination. Ils s’écharperont, avant d’unir leurs forces. Le film est une longue série de sketchs, plus ou moins réussis. Les décors sont faiblards, souvent simplement esquissés, mais signifiants. Les séquences oniriques sont particulièrement créatives et réussies. L’animation est rapide, le rythme soutenu, les personnages secondaires, parents, voisins et quidams stéréotypés : le résultat est clairement enfantin.
Le second niveau est plus complexe. Tiré du livre The Boss Baby de Marla Frazee, le scénario de Michael McCullers décrit habilement le fonctionnement d’une économie libérale : parts de marchés, compétition interne, pression du résultat, sans émettre de jugement. Je n’y vois pas plus de dénonciation de que justification, seulement le constat que le monde est ainsi fait.
La morale rassurera les mères de famille. L’amour parental est infini et ne se divise pas en parts plus ou moins égales, chaque enfant est aimé inconditionnellement. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.