Décidément, les films dans lesquels la musique occupe une place prépondérante ont le vent en poupe en cette année 2017. Après le magnifique La La Land qui nous avait enchantés avec sa bande-son et ses chorégraphies merveilleuses et le deuxième volet des Gardiens de la Galaxie doté d'un Awesome Mix orgasmique, voici maintenant Baby Driver dans lequel la musique occupe une place centrale, et ce n'est pas pour déplaire au mélomane que je suis, bien au contraire.
Pourtant tout avait si mal commencé lors de cette avant-première pour moi : une pluie battante qui m'obligea à courir de la voiture jusqu'à l'entrée du cinéma et y pénétrer totalement trempé, mon voisin de siège qui n'a pas lâché son téléphone de la séance et l'obligation de voir le film en VF car le cinéma de ma ville ne propose que ça (tristesse), alors que le doublage n'étais pas très très bon.
Mais ces aléas n'auront pas eu raison de moi : j'ai aimé, que dis-je aimé, A-DO-RE ce film.
Le métrage n'est pas exempt de tout défaut. Ainsi, il accumule pas mal de clichés : la scène d'intro sans surprise qui nous propose l'exécution d'un braquage puis la course-poursuite qui s'ensuit,
les parents du héros morts dans un accident de la route, celui-ci qui tombe amoureux de la serveuse, etc...
Le mutisme de Baby n'est pas sans nous rappeler le mystère et le silence qui caractérisaient le personnage du Driver, dans Drive, le précédent film qui traitait exactement du même thème.
Mais à part ça, le film fait un quasi-sans faute. Ainsi, je le disais en introduction, la musique est au coeur du film. Ce que j'entends par là, c'est qu'elle ne joue pas le rôle de simple accompagnement sonore, mais elle est carrément intégrée dans le scénario, au point qu'on pourrait presque qualifier Baby Driver de film musical. Le personnage de Baby, suite à un accident, a des acouphènes et est donc obligé d'écouter en permanence de la musique, matéralisée par l'Ipod et ses écouteurs fourrés 90% du temps dans ses oreilles, afin d'échapper à cette gêne. J'ai trouvé que c'était un moyen plutôt malin de justifier la présence de musique dans la plupart des scènes. La musique est carrément sa passion, (je masque pour ne pas gâcher la surprise)
au point qu'il s'amuse à enregistrer les conversations et en fait des remixs une fois chez lui.
D'ailleurs, le héros n'hésite pas à danser et chantonner par-dessus les chansons qu'il écoute, en particulier lors de la toute première scène, lorsqu'il attend ses copains braqueurs en train de faire leur affaire dans sa voiture. Ca donne un passage particulièrement jouissif et qui peut devenir culte. La musique est également au centre des discussions entre les personnages, puisque de nombreux artistes et chansons seront évoquées, en particulier lors de la rencontre entre Baby et Debora. La playlist est très éclectique et il n'y a pas un seul morceau qui ressort plus qu'un autre tant sa qualité est homogène : les Beach Boys, Blur et Queen sont au programme, entre autres grands noms.
L'histoire de base est très simple : Baby (Ansel Elgort) est un chauffeur, un véritable as du volant, qui aide des braqueurs dirigés par Doc (Kevin Spacey) à réaliser des casses, et un jour il va rencontrer une serveuse (jouée par Lily James, absolument magnifique), dont il tombe instantanément amoureux. Mais peu importe, l'originalité du film tient beaucoup moins dans son synopsis que dans sa mise en scène, son montage, sa musique et son scénario. Je n'aimais pas particulièrement les précédents films d'Edgar Wright, contrairement à beaucoup de monde, mais là il faut avouer que sa réalisation est réussie. Il nous gratifie même d'un plan-séquence que j'ai vraiment adoré lors du générique de début.
Le personnage joué par Ansel Elgort est particulièrement intéressant, son physique avantageux et sa bouille angélique tranchent avec le style des autres braqueurs, et notamment Bats joué par Jamie Foxx, particulièrement violent et porté sur la gâchette. Ce n'est pas le cas de Baby, qu'on pourrait qualifier de braqueur au grand coeur, et qui se retrouve dans ces braquages plus par nécessité que par choix.
Le film est très léger, très drôle lors de sa première heure. L'humour est particulièrement efficace, il y a vraiment de très bons gags distillés sur toute la durée du film.
J'ai adoré celui du braqueur qui a mal compris la consigne de Doc et qui s'est procuré des masques d'Austin Powers au lieu de celui de Michael Myers dans le film Halloween.
Le film nous amuse aussi avec quelques références bien senties :
une pizzeria "Les Affranchis", ce passage a été écrit pour moi ou quoi ?
Dans sa deuxième moitié, le film prend une tournure assez inattendue au vu du ton adopté au début, et gagne énormément en gravité, en rebondissements et en scènes d'action, mais c'est toujours aussi bon. Les bagnoles sont au premier plan mais on n'est pas du tout dans un film idiot du type Fast and Furious qui n'a que ça comme argument de vente. Là, c'est un tout autre calibre de métrage, bien plus réussi.
On ne s'ennuie pas une seule seconde devant Baby Driver, c'est le genre de films qui mettent la patate et desquels vous ressortez avec le sourire au coin des lèvres tellement vous avez passé un bon moment. Enfin, j'avais le sourire aux lèvres jusqu'à ce que j'arrive sur le parking du Kinepolis et que je me rende compte que je devrais repartir en Opel Corsa.