Baby Driver a tout d'un futur film culte, car il part d'un concept ambitieux et tenu jusqu'au bout ! Un jour, Edgar Wright s'est certainement réveillé avec l'idée bornée de réaliser un film unique en son genre, qui révolutionnerait à sa manière le cinéma d'action. Il a trouvé comment, et il l'a fait !
Rythmer chaque geste des personnages, chaque mouvement de caméra par la musique présente dans les oreilles du protagoniste, c'est déjà très fort de la part du réalisateur et réjouissant pour les spectateurs, mais cela sert aussi énormément le récit. Ce montage apporte une fluidité exemplaire dans les scènes d'actions (qui n'en deviennent que plus badass et jouissive), ainsi que dans le déroulé de l'histoire en général. Ca coule tout seul, comme sur un fleuve jusqu'à la mer, sans aucun obstacle. Et c'est un pur kiffe !
Le film est évidemment totalement cool, puisqu'il repose sur un concept de montage extrêmement fun ! Mais il ne faut pas y voir que ça. L'intrigue sait mettre en place une vraie drama, avec des scènes d'une tension rarement égalée ! Ce film contient d'ailleurs l'un des plans les plus stressants et marquants de l'histoire du cinéma pour moi. Sans trop rentrer dans les détails pour ne pas spoiler : Jamie Foxx et son flingue, sur la banquette du resto. Et pour le scénario, il n'est pas si classique que ça... Seules ses prémisses le sont. Mais il est impossible de savoir où est-ce qu'il va aboutir, ou même de deviner la destinée de chaque personnage, en particulier celle des antagonistes. Vous mentiriez si vous disiez que le film ne vous a surpris à aucun moment.
Et pour enchaîner sur ces personnages, ils ont justes tellement de gueule ! L'intégralité du casting est charismatique ! Edgar Wright pousse la plupart d'entre eux tellement loin dans le stéréotype, et avec un culot incroyable, qu'ils n'en ressortent que plus marquants encore. Mon préféré reste celui de Jon Hamm, qui est pour moi le plus subtil de tous grâce à son changement d'étiquette progressive dans le rôle qu'il contribue au récit. Mais c'était serré, car Kevin Spacey nous sort d'excellentes punchlines.
Et comment ne pas parler de Baby, qui lui-même peut devenir un protagoniste culte de cinéma ! Ce personnage est un concept en soi, et il se démarque du driver de Winding Refn par sa fougue, due à sa jeunesse et sa passion pour la musique, et ainsi que par sa back-story assez poignante. Il est également très attachant et touchant dans la très belle relation qu'il entretient avec son tuteur, mais aussi dans celle qu'il va développer avec sa copine. Ils sont tous les deux très mignons ensembles, nous offrent des scènes sensibles dès le début du film, et se démarquent également du couple de Drive. Là où on avait deux quasi-trentenaires qui n'avaient besoin de communiquer que par le regard pour se comprendre, on a ici un jeune couple fougueux plein de rêves et d'envie de découverte en tête. Ils incarnent le mythe américain qui consiste à tracer vers l'ouest, avec juste de l'espoir, l'envie de vivre, et une personne qu'on aime à ses côtés.
Baby Driver est donc un modèle de film d'action jubilatoire et intense, planté en plus dans le cadre d'une Amérique reculée avec une touche rétro, qui apporte un vrai charme à l'ensemble. Un gros cocktail de fun, d'adrénaline, et de sensibilité.