En tant que passionné de belles bagnoles, Baby Driver était pour moi l'assurance de prendre du bon temps devant un écran. Mais il s'est avéré en fait que le film va bien au-delà des considérations
classiques du film d'action pour offrir quelque chose de différent.
De mon point de vue, il s'agit d'un des seuls films du genre (avec From Paris With Love éventuellement) où les scènes d'actions, les cascades, passent finalement au second plan, où il s'agit plus d'un décor que du sujet même du film.
Déjà, l'évènement perturbateur du film est en fait une déperturbation. Normalement, un film d'action dit classique propose une intrigue où un mec tranquille se retrouve dans un gros bordel ; ici, le mec est dans un gros bordel et se retrouve tranquille avec l'apparition de la serveuse. C'est un peu le thème de la rédemption, qui est assez récurrent dans ce genre de films.
Après, on peut analyser le déroulement de l'action d'un autre point de vue, celui de la musicalité/sonorité du film. Tout d'abord, le spectateur est encore plus complice du mood de Baby puisqu'il entend la musique dans toutes les scènes, mais il l'entend comme lui l'entendrait. Ensuite, on peut constater que les problèmes commencent quand il n'y a plus de musique, plus de fond sonore : le personnage se retrouve pris au dépourvu. Son inconnu est non pas visuel mais sonore.
Enfin, les personnages à côté sont aussi dans cette exacerbation du crossing-over sensations/vie réelle, avec le beau père qui ne parle pas et n'entend pas très bien mais qui groove bien et Debora qui chante les prénoms.
Un autre aspect bien spécifique du personnage principal est intéressant à noter aussi: Baby qui mixe la parole humaine. Dans un premier temps, cela participe à la crédibilité de l'humour burlesque du film. Mais plus encore, il s'agit pour Baby d'un moyen d'appropriation de ses tords, ou tout du moins de sa vie. Il s'agirait d'une sorte de Poetic Justice (cf Kendrick Lamar) : "I can never fix my wrongs, unless I mix them down for real" (à la place de right et write); et ce, en plus de la conduite qui est ici un élément central du thème de la rédemption.
Enfin, on peut aussi saluer l'histoire d'amour qui a été bien ficelée -pas d'ellipse narrative sur le pourquoi du comment- ce qui participe à la crédibilité de l'intrigue et accroche le spectateur jusqu'au bout, puisqu'il en devient le premier complice.
Résumé : bien joué Edgar.