Auteur du fascinant Next Door (2006), le norvégien Pål Sletaune connaît son heure de gloire avec Babycall. Ce nouveau 'thriller' remporte le grand prix au festival fantastique de Gerardmer de 2011. Son aîné l'aurait davantage mérité, surtout que les aspects les plus audacieux de Babycall sont des redites de Next Door. Les formulations sont plus limpides et routinières, les motifs émoussés. Dans Babycall, Noomi Rapace interprète une mère en piteux état, se recroquevillant avec son fils après des expériences douloureuses et à la véracité de plus en plus douteuse.
La séance se déroule pour l'essentiel dans leur nouvel appartement, à l'écart du père et mari violent. Le titre fait référence au babycall acheté par Anna/Rapace pour maintenir une surveillance constante sur son fils de 8 ans ; des motivations plus élaborées seront plausibles pendant la séance, compte tenu de l'aliénation subie par Anna, voire de sa probable psychose. L'exercice consiste à assurer le lent détricotage de toutes les références et apparences mises en avant au départ. La mise en scène étouffe les constructions déviantes. Froide, distante, elle inspire doute et pitié à l'égard de la mère, lui refusant une vraie compassion – ou peinant à la provoquer.
Déséquilibrée, monstre abusif, victime : Anna cumule mais ne tranche pas. Comme Next Door, cet opus joue sur les perceptions de la réalité, les confusions possibles, les vraies natures cachées (malveillantes ou fragiles, protégées par le déni). Si Anna manque d'ancrage, Sletaune semble hésitant. Il mise sur l’ambiguïté pour doper l'attention, accompagnant une fuite en avant. Le scénario apparaît complexe en vain et paradoxalement peu fouillé ; le vertige perpétuellement communiqué manque d'éloquence. Babycall est l'expression d'une solitude qu'elle se complaît à crypter – au travers d'un petit manège ludique, gourmand mais trop frileux pour s'accomplir.
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