Après La femme de mon frère, Monia Chokri passe à la vitesse supérieure avec Babysitter. Le film commence comme une chronique post #MeToo, avec un héros misogyne sans le savoir, avant d'aborder un spectre plus large, mais toujours très actuel et surtout puissamment cinématographique. Le film est à la fois stylisé à mort et très culotté, comme l'est souvent le cinéma québécois, autour du désir et de la domination, entre les deux sexes. Le rythme de Babysitter est ébouriffant et déstabilisant, la réalisatrice ayant par ailleurs décidé d'emprunter les codes de l'horreur et de l'érotisme, inspiré notamment par le cultissime Les lèvres rouges de Harry Kümel. Il s'agit bien d'une comédie, que l'on ne s'y trompe pas, assez souvent irrésistible, mais dont la mise en scène chiadée et colorée ne cesse de surprendre. Sur le plan thématique, Monia Chokri préfère manifestement les questions aux réponses toutes faites et il ne faut pas compter sur elle pour délivrer un message sans ambigüité, à l'instar de la pièce de théâtre que le film adapte, avec de nombreux ajouts au texte initial. Côté interprétation, comme presque toujours dans le cinéma de la Belle province, c'est du nanan, avec des acteurs qui n'ont pas peur du ridicule. Un bémol quand même ? Oui, peut-être les dialogues en mode mitraillette pour lesquels, malgré les sous-titres, il y a nécessairement un peu de déperdition.