Oh le beauf, il a mis 8 à une comédie française !
Ouais et je t'emmerde. Toi celui qui pousse un "À c'qui paraît, c'est comme Projet X". LOOOOOOOOL, t'es un marrant toi, derrière ton ordi. Une fois ce genre de commentaires débiles écarté, on peut tranquillement analyser ce film, et le considérer pour ce qu'il est : une comédie française populaire, et réussie.
Auréolé du Prix Spécial du Jury et du Prix du Public du Festival de l'Alpe d'Huez (qui cerne en général bien les tendances : Radiostars, La Première Étoile ou encore Nos Jours Heureux y sont tous passés), Babysitting, co-écrit par Philippe et Pierre Lacheau, ne semblait pas avoir les moyens de germer un jour. Personne ne voulait de cette dite "variation française de Very Bad Trip et de Projet X", reposant sur un found footage qui a pourtant prouvé à moult reprise ses capacités d'attrait (Paranormal Activity, District 9, etc). Et pourtant, elle est bien sur vos écrans, et, au vu de sa laudative promotion, vous avez certainement dû le remarquer.
Passé les clichés du méchant patron narcissique, père absent, de l'employé soumis, traînant irrémissiblement ses rêves d'enfant, du pote forcément con et de celui forcément Dom Juan, de l'ex à reconquérir et du gosse insupportable (oui, cela fait beaucoup), le film ne démarre pas immédiatement avec sa mise en abyme visuelle (comprenez du cinéma dans le cinéma) assez intéressante et franchement réussie, et mélange habilement found footage et mise en scène classique. Dès les premiers instants, le film a cette capacité désarmante de décrire avec vivacité une bande de potes dans laquelle les vannes fusent constamment, et où la bonne humeur est de rigueur. À peine le temps de souffler et la fête commence.
Alors qu'il aurait été facile de pomper outrageusement les gimmicks du genre (shaky cam, délires Jackass, happenings et autres excès), Lacheau et Benamou se les approprient et les tournent à leur manière pour en faire découler un rythme inhérent à leur bande d'acteurs et forcément propice à leurs gags. Car cette bande, c'est celle qui émane d'un peu partout (beaucoup de Canal, il faut bien le reconnaître) : Lacheau, Boudali et Arruti faisaient partie de la bande à Fifi ; Alice David campait la fameuse "fille" de Bref, Marsais et Ludig débarquent de Youtube , tandis que Jugnot et Courau (dont le jeu est... agaçant) sont des icônes depuis bien longtemps. Cependant, on aurait tort de donner à Babysitting une dimension générationnelle : s'il fait régulièrement référence à la culture pop (Gollum), geek (Mario Kart), young (Là-Haut), voire urbaine (la Fête des Loges), il ne se détache jamais de son objectif principal : faire rire, tout simplement. C'est le cinéma franchouillard, honnête et sincère, celui qui vise à voir ta luette, non à stimuler ton cortex (appelez moi Jimmy Punchline), et surtout, SURTOUT, qui ne franchit jamais cette ligne qui sépare le lourd du vulgaire, et qui peut donc correspondre à (quasiment) tout type de public. Pour corroborer tout cela, quelques scènes cultes (le cigare, le karting, le lâcher de ballon du voisin, etc) viennent littéralement achever nos zygomatiques et s'inculqueront en nous pour longtemps.
Hilarant de bout en bout, Babysitting n'est, - bien sûr - pas exempt de tout reproche mais redonne un sourire formidable et véhicule un élan dynamique et comique assez sympathique. On n'avait pas autant ri devant une comédie française depuis... bien longtemps.