Jusque là ça allait.
J'avoue que je ne visionnais pas BAC Nord vierge de tout préjugé. J'avais bien entendu, les polémiques, stériles (car un film reste un film) sur le film, à gauche comme à droite, descendant ou adulant le film, tour à tour. Mais, je ne voulais pas les entendre, avant d'avoir vu le film. Et voilà qui est fait.
D'abord, cinématographiquement, ce film est très très bon. D'abord, il est porté par un quatuor magnifique, et particulièrement Gilles Lellouche et Karim Leklou (qu'il est beau dans ce film), à la fois très physiques, dans les scènes d'action ou de violence, mais aussi très subtil, dans les doutes, questionnements et troubles qu'ils traversent. La réalisation est au taquet pour rendre compte d'une tension palpable et explosive dans les grandes scènes d'action, notamment le morceau de bravoure au milieu du film.
Ensuite, le scénario adapte avec brio un fait divers, qui, ayant grandi pas bien loin de Marseille, qui avait atteint mes oreilles, sans me marquer particulièrement, mais qui avait durablement modifié, localement le rapport à la police, à la BAC à la banlieue. Le montage est extrêmement bien maîtrisé et le déroulement de l'intrigue est très très clair, suivant des personnages bien construits. Un bon film, très cinématographique (avec quelques plans très marquants).
Jusque là, ça allait (ou presque). Car les dernières secondes du film sont dédiés au destin suivant des personnages. Reconnus coupables de leur favoritisme, et de leurs pratiques quasi-mafieuse, on a droit aux incrustations (vu 15.000 mille fois) qui montre ce qu'ils sont devenu. Or, hormis le fait qu'aucun d'eux n'ai été réellement condamné pour leur pratique (si le film dit vrai, un d'entre eux travaille pour un syndicat de policier :facepalm:), cette incrustation les place presque au statut de victime.
Car si le film n'était pas trop manichéen jusqu'ici (pour un film avec tel propos), traitant de l'abandon des policiers par leur hiérarchie il a dérivé sur sa toute fin. Je rajouterais, qu'apporter de telles excuses contextuelle (pression hiérarchique, changement du statut du policier dans la société, salaire désespérément bas) pour leur dérive, aucune n'est donnée pour l'attitude et la criminalité galopante et anarchique des cités contre lesquelles ils se battent, pourtant causes bien plus profondément ancrée dans notre société (racisme systémique, chômage, pauvreté et insalubrité, abandon des classes populaire, ghettoisation de la pauvreté, criminalisation de l'usage de cannabis, instrumentalisation politique, etc...). De plus, la représentation des populations de cité, comme une masse violente, bestiale sauvage est toute aussi nauséabonde que cette différence de traitement, car fantasmée sur un discours de chaîne d'info en continu. Mais passons.
Mais positionner, à la fin, les 3 policiers en victime du système, déclassés (pour un et demie d'entre eux) humiliés, pendus pour l'exemple, est horrible. Car cette latitude n'est accordée qu'à eux. Comme si enfreindre les règles était permis et excusable pour une certaine caste de la population, celle avec un badge. Mais les victimes ne sont pas eux. Et je trouve extrêmement discutable, pour l'ensemble des policiers qui font leur travail correctement, de montrer ces figures en héros déchus.
Voilà, un très bon film, quelque peu ruiné par sa fin qui me laisse un arrière-goût douteux d'une justification premier degré de méthodes dignes de l'Inspecteur Harry. Alors, pour se consoler, regardons Frères ennemis de David Oelhoffen, film quelque peu similaire, qui traite avec plus de subtilité du lien policier-informateur et de la compromission du policier dans les affaires du crime.
(Je vous inviterais à ne pas commenter ma critique de son point de vue des visions personnelles, car je me suis retenu, personnellement, de le faire pour des critiques sur lesquelles j'étais en fort désaccord politique)