La pépite qu'on cherchait en ce Festival de Cannes 2021, et pourtant on ne s'y attendait pas. A lire le résumé, on prédisait (à tort) un film entre La Haine et Les Misérables (de Ladj Ly), et on s'est bien trompé : jamais Bac Nord ne vient marcher sur les platebandes de ses prédécesseurs, malgré le thème en commun des dualités flics-trafiquants des quartiers "chauds". Ici, on suit l'histoire vraie d'une brigade du Nord de Marseille qui va enfreindre les limites de la loi pour attraper une grosse livraison de stupéfiants... Le rythme du film fonce à cent à l'heure (on ne s'ennuie pas !), le casting est incroyablement investi (Adèle Exarchopoulos, Gilles Lellouche et François Civil dans leur meilleur rôle ? En tout cas : en très grande forme, et bien sympas quand on leur demande des selfies-souvenirs à la sortie, au top jusqu'au bout, girl and guys) et l'intrigue nous attrape au collet toutes les dix minutes avec des scènes tendues où on ouvre grands les yeux et on cesse de respirer en attendant de voir si le feu d'artifice de la violence va exploser. On ne va pas se faire beaucoup d'amis en disant cela, mais : on l'a préféré à Les Misérables (on enfile notre gilet pare-balles, pour le dire à nos amis). Le montage des séquences rend parfaitement les sensations d'angoisse dans les opérations d'infiltration, nous fait partager l'aliénation des flics dans les prisons remplies des prisonniers qu'ils ont eux-mêmes arrêtés, nous permet parfois de sourire entre deux scènes tendues (quelques bonnes blagues entre le trio en tête d'affiche, surtout avec le petit garçon qui jure comme un charretier jusqu'à trouver une musique qui lui plaît... Ce qu'on a pu rire !). Vraiment, Bac Nord nous a tapé dans l’œil, tant par son intrigue qui fait filer le temps à cent à l'heure que par son casting ultra-convaincant. Mention aux séquences d'ouverture (une course-poursuite qui nous jette à fond dans l'intrigue) et clôture du film (une version des Portes du pénitencier qu'on n'est pas près d'oublier), particulièrement réussies.