La première partie du film reprend tout le langage sémiotique propre aux films d’action, on glisse limite dans le western avec la silhouette des policiers marchant en contre jour vers leurs destins. A renfort de musique soulignée au gros trait qui tache, on te fait rapidement comprendre que la nuance n’existe pas.
Gerald Darmanin is my best friend
Ils sont trois potes à la scène comme à la ville et toute la difficulté se résume à la confrontation avec la hiérarchie. Parce que la vie c'est une dure lutte, cette hiérarchie qui te met la pression contre promotion, pour te faire du chiffre sans te donner les moyens sur le terrain car les voitures ne vont pas vite.
Côté pathos, on dessine une intimité familiale pour l’un d’eux, ce qui donnera lieu à une scène d’amitié virile autour de l’alcool pour célébrer la naissance d’un enfant, tandis que madame pousse à l’hosto. Du plus bel effet narratif post metoo.
Pour l’autre, c’es un destin à la Shakespeare qui l’attend, prit de sentiment pour une jeune femme - barely legal - issue du quartier nord qui aura le rôle clé du film, mais totalement oubliée à la fin. C'est avant tout une histoire de pote.
Pour le troisième aka Gilles Lellouche, chef du trio infernal la partenaire : c’est la cigarette. La clope visée au bec en permanence, il n’a pas le temps de niaiser, sa vie son œuvre c’est son travail : « la république : c’est lui » et le tabagisme. Parce que quand tu es un cow-boy, tu fumes et fumer : c’est viril.
Bon beh en face, vous l’aurez compris. On n’est pas dans la nuance, c’est : « la meute ». Les habitants des quartiers nords n’existent pas. Pas d'individus, ni de visages, tout le monde est sous cagoule et vit de larcins, avec l'objectif de protéger le trafic, tenir le territoire et comme moyen d'expression la violence et son corolaire : "niquer tout ce qui bouge, même tes morts".
C'est cette dualité stéréotypée que l'on voit pendant les trois quart du film. A grand renfort de mouvement de caméras et de musique country (c’est pour la blague). Où comment évoluent nos cowboys blancs des temps modernes face à ce « territoire perdu de la république ». Voitures, drifts et parkour.
Rien à voir avec le cinéma de Ladj Ly. Ici on pourrai croiser Sami Naceri faire un stunt avec son taxi que l'on changerai de film sans s’en rendre compte, en perdant totalement de vue la question sociale, économique et raciale du synopsis.
(Le mot race étant à prendre dans sa dimension sociologique et non biologique, je dis ça pour les deux du fond qui vont se rouler par terre en disant que « la république ne voit pas les couleurs »)
Le dernier tiers lui végète dans un huis-clos faussement psychologique sur le trio d’amis déchus, qui pousse notre amant shakespearien à commettre l'irréparable : la trahison amoureuse. Car même cet état ne trouve pas sa raison d’être face à un pouvoir judiciaire totalement autiste, une hiérarchie lâche et même un réalisateur qui a envie de pousser la réflexion plus loin que juste des voitures qui prennent feu. Puisqu'au final on vous l'a dit : la seule chose qui vaille la peine d’être sauvée, c’est cette amitié.
On n’est tellement pas dans la nuance qu’à la fin, on épilogue sur le destin des cow-boys en mode "que sont-ils devenus" en oubliant totalement celle de l’indic. Le seul rôle féminin qui vaille la peine d’être jouée par Kenza Fortas, tellement celui d’Adèle Exarchopoulos se résume à celle de femme au foyer.