Sur la forme : de belles images de Marseille, mais des images surtout crédibles, le réalisme se combine adroitement avec l’esthétisme ce qui rend le propos véridique et percutant. Les dialogues sont également ancrés dans le réel des quartiers nord avec tout ce que cela suppose : à savoir insultes dans toutes les phrases, mots écorchés et verlan à tel point qu’il faut réellement s’accrocher pour tout comprendre. Quant au jeu d’acteur, il en devient troublant tant il laisse croire au spectateur qu’il verrait une vraie scène, pleine d’actions et de sentiments, sous ses yeux. On notera aussi les scènes qui suscitent l’amusement du spectateur ce qui tempère la dureté des faits exposés. Toutefois, il convient d’interroger la véracité de certaines scènes qui paraissent largement abusives et discréditent donc le propos ce qui pose réellement problème quand le film se veut précis et réaliste. En effet, par un abus de violence de la part des fauteurs de troubles des quartiers nord, le réalisateur dresse un tableau, sans doute, biaisé de la situation.
Sur le fond : film hautement critique mais plusieurs interprétations sont possibles. Certains y verront une dénonciation de la situation des quartiers nords qui s’avèrent être une zone de non droit où la police et en particulier la BAC est ridiculisée et donc absolument impuissante face au trafic de drogue qui gangrène les cités. D’autres y verront plutôt une critique de l’organisation au sein même de la police avec un parti pris pour « la petite police » — représentée par les 3 policiers (les 3 acteurs principaux) — qui manque de moyens et de reconnaissance et dont la vie de famille est en partie bafouée et une accusation de « la grande police » constituée de l’IGPN jusqu’au Ministère de l’intérieur (on retiendra les images de Manuel Valls du temps où il était ministre). On pourrait donc regretter cette part d'ambiguïté qui empêche de cerner réellement la tonalité.