Poison Girl
Bon allez, pas d’introduction bien tournée pour cette fois, pour éviter toute confusion et parce qu’on colle des procès d’intention au film pas tout à fait pertinents, je vais commencer par quelques...
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Jesse, jeune fille de 16 ans, arrive à Los Angeles et pénètre le monde de la mode grâce à son extrême beauté qui laisse tout le monde de marbre.
Dénonciation du monde du mannequinat…
La dénonciation de ce monde passe par un regard masculin toujours lourd de sens, à commencer par la scène d’ouverture (travelling arrière avec bande son inquiétante) lorsque Dean qui photographie Jesse la regarde avec des yeux noirs et terrifiants qui laissent imaginer que la jeune femme se trouve dans une situation périlleuse. La deuxième scène de photographie est encore plus marquante car elle met en exergue un regard malsain et pervers d’un homme face à une nudité imposée et non consentie.
Toutefois, la mise en accusation apparait clairement aussi par le comportement des femmes entre elles qui sont littéralement prêtes à s’entretuer pour prendre le leadership. Dans ce monde, c’est la loi de la plus belle qui règne, mais aussi la loi de la plus forte. Tous les coups, même les plus ignobles, sont permis. Le réalisateur pointe du doigt l’absence totale de sororité mais il met aussi en garde face à la pulsion de vengeance — à travers le personnage de Ruby (la maquilleuse) — qui semble encore plus animer la gente féminine. On pourrait objecter qu’il ne s’agit là que d’une réactualisation des stéréotypes féminins et que cela n’alimente guère le propos.
… ou sublimation ?
La réussite de ce film tient, sans aucun doute, à la magnificence de scènes longues mais intenses permises par une grande maitrise d’un jeu de couleurs audacieux (fondamental chez Nicolas Winding Refn) accompagnée d’une bande son haletante.
Cela n’est toutefois pas sans conséquences indésirables car cela rend la thèse soutenue plus insaisissable : la forme et le fond rentrent en conflit.
Réflexion sur la beauté : être et paraitre
Jesse, archétype de la beauté, est très vite complimentée par les professionnels de la mode alors que ses rivales, Sarah et Gigi, sont en perte d’influence. Le spectateur, prend également le parti de la jeune novice tout en éprouvant de la compassion et de la crainte. Jesse, en plus d’être jeune et belle, serait emprunte d’un idéal de pureté morale affirmé par sa virginité tandis que Sarah et Gigi ne possèderaient que la beauté artificielle à laquelle elles ont pu accéder par la chirurgie esthétique.
On fait donc, de prime abord, face à un réquisitoire classique contre le paraitre et un éloge des vertus morales. Tout le problème est de définir ces vertus morales : en quoi l’innocence pourrait octroyer à Jesse un avantage éthique sur ses rivales ? En ceci le ton est imprécis et douteux.
La force du symbolisme
Ce métrage est empreint de symbolisme rendu possible par le style : pléthore d’éléments peuvent donc être interprétés de différentes manières.
Le film est rythmé par des alternances de scènes menaçantes aux couleurs infernales et de scènes où prévalent la paix et la candeur par la présence d’un blanc immaculé. Par exemple, juste après le meurtre de Jesse : la rivale Sarah se retrouve dans une maison aux murs blanc clinique. En réalité, l’assasinat qu’ont commis Sarah et Gigi ne relève pas du crime : dans ce milieu c’est normal…
Le personnage de Ruby (la maquilleuse) est aussi empreint d’un fort symbolisme : à commencer par son prénom qui renvoie au diamant dont la couleur est associée à la passion charnelle. Pour renforcer cette idée, la couleur de ses cheveux (roux) la rapproche directement de l’Enfer (Judas était roux) : cela peut aussi être une des conséquences de son homosexualité
Plus généralement, certains éléments matérialisent le danger qui menace la protagoniste comme le puma qui se trouve dans sa chambre.
Horreur & absurdité
Dégoutant à certains moments, le métrage en devient presque absurde et entraîne une perte de crédibilité au profit du style. En effet, qu’apporte la sublimation du cannibalisme à la dénonciation du monde de la mode ? Sur le fond, la fin du film est clairement douteuse mais elle saisit clairement le spectateur.
Créée
le 4 sept. 2021
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