Plongée terrifiante dans l'univers de la BAC, la brigade anti-criminalité qui agit dans les quartiers les plus à risques de Marseille : ceux du nord. Alors que la ville méditerranéenne aux allures de carte postale semble paisible, le quotidien de trois de ces flics est dépeint avec une extrême violence. Il n'y a aucun doute là-dessus, le film de Cédric Jimenez est tout sauf contestable de véracité pour quiconque est réaliste sur les nombreux crimes qui font planer un spectre sur la cité phocéenne. Le quotidien des malfrats comme celui des policiers et des ripoux est de baigner dans un brouillard de violences inéluctables et de désenchantement.
Si le film s'emploie à nous faire ressentir l'oppression et l'urgence à travers une technique cinématographique remarquablement bien rodée, c'est surtout grâce aux comédiens que le film s'élève. Cédric Jimenez fait la part belle aux performances d'acteurs et les laisse vivre au-delà du simple raccord. Il faut voir ce trio de tête (Gilles Lellouche dément, François Civil conquérant et Karim Leklou surprenant) se démener dans la séquence d'intervention, vingt minutes de tension caméra à l'épaule.
Presque pour contrecarrer un mal symptomatique de notre époque, celui d'être constamment dans la rapidité d'exécution, "BAC Nord" alterne habilement les séquences calmes et les séquences agressives. Pour autant même les moments plus intimistes, notamment avec Adèle Exarchopoulos, sont courts et les discussions orientées sur la corvé d'être flic reviennent souvent. "BAC Nord" est un grand spectacle presque documentaire, qui ne laisse pas indifférent.