Si l'on en croit les oeuvres dites "girly" de ces dernières années, qu'elles soient littéraires, cinématographiques, illustrées ou même télévisuelles, la femme moderne du vingt-et-unième siècle n'appartient qu'à deux catégories: la célibattante maladroite et romantique ou la pouffe délurée et vulgaire. Mais dans chaque cas de figure, la même finalité, les demoiselles finissant par trouver l'élu de leur coeur (si possible hétéro, faut pas pousser), comme si l'épanouissement devait inévitablement passer par le couple. Une image faussée véhiculée par des productions comme Joséphine, la série Girls, Les Gazelles et j'en passe, censée être progressistes, anti-conformistes et surtout générationnelles, là où elles ne sont finalement que limitées, bien-pensantes et régressives.
Là où le sympathique Bridesmaids (aux chiottes le titre français mensonger !) parvenait à être drôle et à dépeindre un tableau plutôt juste de l'amitié et de ses jalousies tout en s'incorporant totalement dans le genre "girly", le Bachelorette signé Leslye Headland se vautre lui dans tous les pièges cités plus haut. Ayant visiblement à coeur de démontrer que les femmes aussi peuvent être délirantes et jurer comme des vieux loups de mer (payes ton scoop), la cinéaste va immédiatement se tirer une balle dans le pied.
Sûrement pétri de bonnes intentions, Bachelorette peine non seulement à remplir son contrat (offrir une comédie drôle et universelle), mais tire en plus son audience vers le bas, la prenant pour une conne incapable de réflexion et lui servant inlassablement le même message bienveillant et réconfortant, alors qu'elle est supposé s'éloigner d'une vision réductrice. L'ensemble ressemble ainsi à un gigantesque test de personnalité chié par le plus abruti des magazines féminins, n'ayant pour seul but de vous convaincre que vous trouverez le prince charmant tôt ou tard si vous mettez vos imperfections de côté.
Pas drôle une seule seconde, chiant à mourir car ne reposant sur aucune véritable intrigue, Bachelorette présente des héroïnes tout bonnement insupportables, caricatures idiotes de la working girl aussi superficielle qu'égoïste, comme le cinéma et la télévision en pondent à la chaîne. La cinéaste tente bien de noyer le poisson à grands coups de névroses mais c'est encore pire, le message asséné par son film achevant de nous laisser un sacré goût de merde dans la bouche.
Le casting, quant à lui, prometteur sur le papier, est une véritable catastrophe, condamné à cabotiner tandis que l'étalonnage dégueulasse de la photographie les transforment en poupées hideuses, Kirsten Dunst paraissant avoir dix ans de plus dans la tronche pendant que Isla Fisher semble noyée sous l'autobronzant. Seule Lizzy Caplan parvient à rester un minimum digne mais vraiment de justesse.
Evitez donc ce Bachelorette comme me le criait ma télévision hier soir. Ne faites pas la même erreur que moi, il est encore possible de vous épargner cet amas de conneries censées être féministes mais qui ne sont en fait que la vision réductrice d'une "élite" s'autoproclamant branchée.