Back and forth
7.3
Back and forth

Film de Michael Snow (1969)

A l'instar de Wavelength sorti quelques temps plus tôt <---> constitue une véritable expérience de cinéma : incessant va-et-vient millimétré d'une caméra de plus en plus frénétique à mesure que le film avance <---> est un objet-dispositif peu commode, plaçant le procédé du panoramique dans une position filmique permettant un étrange dialogue visuel.


Système de question-réponse ou de réparties sportives évoquant une partie de ping-pong habillée de saccades et de flux mêlés le moyen métrage du grand Michael Snow démarre tranquillement, sans personnages ni même simples figures humaines : cadre concret d'une salle de classe filmée à hauteur d'homme <---> va peu à peu se muer en expérience de cinéma proprement azimutée, agressive et sans concession, confondant d'un instant à l'autre les extrémités de l'unique plan du métrage, allant crescendo vers une forme d'abstraction plastique et d'involution nerveuse.


La forme rappelle certains travaux du paracinema de Ken Jacobs ( on pense aux effets spasmodiques de Celestial Subway Lines, et à cette même réinvention permanente de l'image ) et aussi le The Flicker de Tony Conrad pour la bande-son évoquant les rafales d'un chronographe et le cinéma structurel. Le court métrage Outer Space de Tscherkassky vient également à l'esprit au regard du maelström des dernières minutes : mosaïques géométriques provoquées par la persistance rétinienne, hachures et lignes de force brouillant les repères et le champ de vision... Michael Snow prouve avec <---> qu'il est un maître définitif de l'Art expérimental, au même nom que Stan Brakhage ou Ken Jacobs. Essentiel pour qui aime les défis visuels.

stebbins
8
Écrit par

Créée

le 15 juin 2019

Critique lue 148 fois

1 j'aime

3 commentaires

stebbins

Écrit par

Critique lue 148 fois

1
3

D'autres avis sur Back and forth

Back and forth
zardoz6704
1

Passée la limite de ce que je peux regarder.

Il est bon de savoir où s'arrêtent nos limites. J'ai vu "Back and forth" pendant ma vie étudiante, c'était l'année où il y avait une exposition sur Los Angelès et l'art à Beaubourg. Pour résumer,...

le 5 févr. 2014

1 j'aime

Du même critique

La Prisonnière du désert
stebbins
4

Retour au foyer

Précédé de sa réputation de grand classique du western américain La Prisonnière du désert m'a pourtant quasiment laissé de marbre voire pas mal agacé sur la longueur. Vanté par la critique et les...

le 21 août 2016

44 j'aime

9

Hold-Up
stebbins
1

Sicko-logique(s) : pansez unique !

Immense sentiment de paradoxe face à cet étrange objet médiatique prenant la forme d'un documentaire pullulant d'intervenants aux intentions et aux discours plus ou moins douteux et/ou fumeux... Sur...

le 14 nov. 2020

38 j'aime

55

Mascarade
stebbins
8

La baise des gens

Nice ou l'enfer du jeu de l'amour-propre et du narcissisme... Bedos troque ses bons mots tout en surface pour un cynisme inédit et totalement écoeurrant, livrant avec cette Mascarade son meilleur...

le 4 nov. 2022

35 j'aime

6