Whoopin' asses one ass at a time !
Les histoires adaptées de faits réels sont légion, mais ce Bad Ass est la première production à porter à l'écran un phénomène colporté par le net. Dans le jargon web, on appelle ça un « meme », et celui servant à la base du film est l'Epic Beard Man, un vieux barbu cogneur qui avait fait le tour de la toile après avoir cassé la gueule d'un autre type dans un bus. Très libre, l'adaptation embellie les choses et surtout change les ethnies. Plus question d'un blanc cassant la gueule à un noir, chose qui a fait pas mal jaser les fans du personnage, car cette fois-ci c'est un Mexicain qui se défend contre des neo-nazis. Pas très difficile de comprendre le choix des scénaristes, l'EBM ayant vite été taxé de raciste, et cette manipulation des faits permet non seulement d'éviter les considérations raciales, mais surtout mettre en tête d'affiche l'acteur le plus bad ass d'Hollywood, Danny Trejo. Seulement voilà, si tout paraissait être au poil, le réalisateur et scénariste, Craig Moss, avait toutes les raisons de nous faire nous dresser les cheveux sur la tête, celui-ci étant à l'origine des immondices que sont 41 ans toujours puceau et La véritable histoire d'Edward et Bella Chapitre 4 – 1/2 Indigestion. Mais voilà, le générique commence, façon Grindhouse, suivi d'un bref plongeon dans le passé de l'EBM, Franck de son prénom, exposant les raisons qui l'ont amené à devenir un paria, avant d'enchaîner avec la fameuse scène du bus. Une mise en bouche efficace qui capte l'attention du spectateur qui développe un amour qui était évident envers ce personnage porté par un Danny Trejo toujours aussi en forme. Ça tape dure, le sang gicle (notamment lors des ralentis lorsque les coups atteignent leur cible), les tortures font mal, et bien que cette violence comble les amateurs du genre, le fond reste cependant très ancré dans les bonnes moeurs et les happy-ends Hollywoodiens.
En réalité Bad Ass a beau être un film d'action divertissant, il observe des limites très conservatrices et nage dans des eaux très éloignées de Super, Defendor ou encore God Bless America. Cet aspect sera cependant à laisser à l'appréciation du spectateur, à vous de voir si vous souhaitez quelque chose qui fonce franchement dans l'immoral ou préférez un spectacle « tout public ». Quoiqu'il en soit, que vous soyez dans un cas ou dans l'autre, Bad Ass sera une occasion absolue de prendre votre pied à voir Danny Trejo botter le cul des méchants, et même s'offrir une bonne dose de démesure façon Machete, cette fois plus avec une moto-sulfateuse mais avec une course poursuite en bus, ce qui ne sera pas sans rappeler le final culte de Double Détente (les plus observateurs remarqueront d'ailleurs que non seulement le bus est le même, mais les plans, angles et la fontaine détruite sont absolument identiques — cf. captures plus bas).
Il sera également à noter la présence appréciable de Charles S. Dutton en bad guy sympathique, puis également celle de Ron Perlman, bien qu'il soit tellement en demie-teinte qu'une maigre poignée de répliques lui seront accordées.
Craig Moss lave donc son nom, et s'il fallait une preuve supplémentaire que la comédie n'est pas le chemin qui lui convient, la voici. Il réussit même à placer quelques instants de drôlerie dans ses répliques, et ça c'est aussi une sacrée exclusivité.
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