En 2011, deux films américains ont décidé de tourner le monde de l’entreprise en dérision : Comment tuer son boss et Bad Boss. Le message à retenir, c’est que ce qui ne va pas dans le monde du travail, c’est le patron.
Dans Bad Boss, Mike (Sean Astin) et Rodney (Michael Vartan) sont des vendeurs de pneus par correspondance pour Treadline Tires. Fêtards et blagueurs, ils ont malgré tout toujours eu les faveurs de leur patron grâce à leurs talents de vendeurs. Mais quand celui-ci décède, c’est Ken Castro (David Cross) qui lui succède, celui qui était avant leur souffre douleur. Ce dernier décide de se venger en les rétrogradant au rang de secrétaires. Heureusement, ils vont apprendre à leurs côtés à être de meilleures personnes et organiser leur vengeance. Pardon ?
Mike et Rodney ne vont pas seulement adoucir les angles de leur caractère grâce à ces charmantes dames, ils vont aussi les aider, en leur faisant refuser les humiliations, en les unissant dans un syndicat. Dans le cinéma américain, l’union syndicale est toujours un moment fort de solidarité et de revendications, bien retranscrit ici. Mais les bonnes intentions du duo et du film s’arrêtent là. A aucun moment il n’est reconnu que leur situation provient aussi des humiliations qu’ils ont fait subir à Ken Castro. Il a beau être dépeint comme le petit chef tyrannique et incompétent une fois en place, à aucun moment le film ne laisse suggérer que cela puisse être de la faute de Mike et Rodney qui lui auront longtemps mené la vie dure. Mike et Rodney trouveront leur rédemption dans l’absolution de leurs comportements envers les secrétaires, et c’est tout.
En ne reconnaissant pas leur faute, en s’enfermant dans la vengeance de la vengeance, le film instaure une certaine gêne. Celle-ci n’est guère estompée par son humour, qui peine à se moquer des travers du monde du travail. Le film préfère miser sur les relations entre ses personnages, avec un trop plein de caricatures pour que l’alchimie s’installe. Puisque les personnages principaux n’évoluent que dans un sens, le spectateur ne ressent qu’une empathie lointaine pour leur sort. Seules les secrétaires sortent un peu du lot, mais elles restent malgré tout secondaires.
Qu’est ce qu’il faudrait retenir du film, que le harcèlement c’est mal tant que cela ne concerne que les femmes ? Cette bien-séance un peu trop facile et surtout incomplète dans le cas de Bad Boss dessert un film qui, de toute façon, n’a pas grand-chose à proposer. Le monde du travail moderne a beau être plus présent que dans Comment tuer son boss, l’impression est faite qu’à Hollywood on ne sait pas comment en parler et encore moins comment s’en moquer.