Un film bien foufou, tantôt drôle, tantôt glauque et parfois même les deux en même temps.
Ce qui déforce le film, c'est sa structure : en effet, l'absence d'objectif principal donne lieu à bon nombre de scènes décousues même si des thèmes philosophiques peuvent servir de liant entre toutes ces scènes. La première demi heure et la dernière demi-heure sont ce qui marque le plus justement parce que l'enchaînement des scènes est un peu plus cohérent. Le reste du film est tout de même fort plaisant à regarder grâce à une écriture très fine de chaque scène. Le film regorge d'idées narratives très fortes, mettant en avant des personnages paumés, sans beaucoup d'espoir. Cet univers est si glauque qu'on se demande si celui imaginé par la même au début n'est pas plus rose encore que la triste réalité à laquelle aura affaire le personnage principal. La toute fin est un peu facile aussi, mais ça passe même si le spectateur aura l'impression que ça ne correspond pas au film que l'on vient de regarder. Une idée assez marquante, c'est l'utilisation des dialogues : en effet, Bubby, pour s'exprimer, n'utilise que des phrases qu'il a entendues, ce qui peut parfois mener à d'heureux quiproquos, mais plus tard, lorsqu'il gagnera en intelligence, lui permettra de s'exprimer avec justesse.
La mise en scène est très simple, efficace. Le réalisateur sait d'où filmer pour mettre en évidence le côté malsain d'une scène. Notons également une bonne utilisation du son, de la musique, toujours pour renforcer cet aspect. Les lieux sont vraiment chouettes, bien exploités, bien filmés. Les effets spéciaux sont également réussis à tel point que je me demande s'ils n'ont pas utilisés de vrais chats morts*... La photographie est assez chouette : la surprise, c'est que le réalisateur a engagé 32 chef op' différent afin que chaque lieu soit filmé différemment. Cela ne se remarque pas trop en fait, mais c'est plutôt amusant comme concept. Les acteurs sont très bons ; l'on retiendra en premier lieu Nicholas Hope, puisqu'il bouffe littéralement l'écran même lorsque son personnage s'improvise leader d'un groupe de rock. Les seconds rôles ne sont pas en reste, avec de bonnes gueules plutôt convaincantes. Ajoutez à cela quelques grosses paires de seins ; j'irai même jusqu'à dire que j'ai trouvé très attirante la douce Carmel Johnson qui interprète Angel. La belle est même époustouflante lors de la cruelle scène de repas.
Bref, "Bad Boy Bubby" est un film un peu fou, un peu expérimental, mais diablement intéressant. Dommage qu'il y ait cette petite chute de rythme au milieu du film, parce qu'il comporte tout de même de très grands moments et un discours plutôt intelligent.
*j'ai récolté mes petits renseignements : le premier chat a été euthanasié par un vétérinaire ; le second chat a juste reçu un puissant sédatif.