We will choose the university. They don't get to choose us ! —Pat



Où comment un film fait écho à l'actualité en faisant état de la corruption d'un système éducatif inefficace mais dans un contexte bien différent. On sera peut-être surpris d'apprendre que ces paroles ne sortent pas de la bouche d'un "crasseux" de gauchiste mais bien d'un (sale) gosse de riche.
On y reviendra.


Bad Genius, thriller à la musique nerveuse, blockbuster venu de Thaïlande, inspiré de faits réels, réussit à toucher des problèmes de sociétés complexes en gardant toutefois une certaine légèreté et bienveillance. On fait le tour : système éducatif, inégalités sociales, corruption, fraude, amitiés...
Même si l'histoire en elle-même semble parfois très stéréotypés dans les rôles des personnages, et la critique sociale est elle-même est assez convenue mais c'est déjà pas mal, la mise en scène est vraiment bien foutue, c'est ce qui rend ce film particulièrement intéressant et unique en son genre.


C'est principalement dans les scènes d'examen et la deuxième moitié du film que la tension est palpable. Si toi aussi ça t'es déjà arrivé d'avoir la goute de sueur sur le front en regardant furtivement la copie de ton voisin ou ton anti-sèche par peur de te faire prendre, tu vois de quoi je parle. Les examens sont typiquement des QCM ce qui faciliterai presque la tâche, si ce n'est que les tables sont espacés de deux mètres et que ton voisin n'a pas le même sujet, outch ça se complique.
Au cours du film le niveau de fraude et les enjeux montent progressivement jusqu'à un examen international nécessaire pour l'entrée dans certaines universités réputées, notamment américaines.
Les plans d'interrogatoire s'intercalent subtilement pour brouiller les pistes, le suspense dure jusqu'à la fin avec multiples rebondissements qui nous tiennent en haleine.


Lynn vit modestement avec son père, elle n'est pas riche, mais ayant de bons résultats scolaires elle obtient sa bourse pour entrer dans un lycée plus côté. Elle se lie d'amitié avec Grace, fille bourgeoise et neuneu mais attendrissante, qu'elle essaie d'aider pour ses exams : il lui faut une bonne moyenne pour rejoindre la troupe de théâtre (première aberration d'un système punitif), sauf que y a beau lui expliquer, elle est toujours nulle en math. Lynn donne les réponses à son amie.
Il n'en faut pas long, pour que Pat le petit ami de Grace s'en mêle et l'affaire devient alors lucrative pour Lynn, qui donne désormais des "cours de piano" à la moitié de sa classe.


L'école, qui demande à ses étudiants un comportement irréprochable, est loin de montrer l'exemple en soutirant de l'argent aux parents dans une légalité incertaine (plus t'es mauvais plus tu paie cher). A vrai dire les étudiants ne sont plus qu'un bétail pour l'institution : ceux qui "réussissent" comme Lynn et Bank (l'autre bénéficiaire de la bourse) sur qui l'école se fait un statut qui n'a rien à voir avec la qualité de l'enseignement, mais le pouvoir de l'institution à appâter ces "bons étudiants" pour leur propre prestige en se targuant de leur ouvrir les portes de l'ascenseur social, de l'autre côté les filles et fils de bourge qui financent cette bien fumeuse entreprise.


Un système qui laisse peu de place à l'éducation. A chaque fois qu'une scène se passe dans une salle de classe c'est toujours des examens qui s'y déroulent. Les étudiants sont orientés vers une rivalité obligatoire en créant des situations qui incitent la compétition : battez vous pour cette bourse, pour ce droit, pour ce prix, etc... sachant qu'avec un peu d'argent on peut toujours s'arranger, ce sera toujours aux plus vulnérables de faire le sale boulot et de prendre les risques.


Je regrette un peu la fin convenue, même si c'est assez intéressant de retrouver les personnages de Lynn et Bank à l'opposé de là où ils ont commencés, il y a une dynamique intéressante entre les deux personnages.
Au final l'inadéquation des institutions éducatives, l'éducation idéale sont des sujets sur lesquels je pourrais théoriser longuement, mais ce film est à voir avant tout pour sa mise en scène, l'excitation qu'il nous fait passer en réussissant à tenir le spectateur dans le doute jusqu'au bout avec un rythme et découpage pointilleux, un bon casting et de la bonne musique.


En attendant y a toujours pas d'exams à Rennes 2 alors je regarde des films et je lis des bouquins, qui a dit que j'avais besoin d'une institution pour m'autoriser à apprendre? L'école est partout. Les examens c'est du pipo. Ton diplôme est un mensonge.

kanzenmaigo
8
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le 29 avr. 2018

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Kanzen Maigo

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