Bad Girl
3.2
Bad Girl

Court-métrage de Arnaud Khayadjanian (2015)

Apologie de la fiente de pigeon parisien.

Mesdames, messieurs. Ci-gît la dernière bouse en date d'un microcosme parisien, adepte des sujets qui fâchent, des vrais sujets provenant des vrais français de la véritable France : le malheur des filles trop belles dans la vie. Il fallait oser tourner un court-métrage parlant de ça, on voit d'ores et déjà venir la censure avec ses gros sabots. Profitez-en, avant qu'une telle subversion soit happée par le conformisme ambiant. Je vous le dis, l'heure est grave.

Je suis tombée sur ce cours-métrage par le biais du magazine en ligne Konbini qui ne tarit pas d'éloges à son sujet (je raccourcis volontairement les choses ici, mais j'y reviendrai plus tard). Dix minutes de torture, de vacuité intellectuelle, de gamineries insupportables pour la simple et bonne raison qu'elles sont malheureusement par trop réelles dans la vie. Nombrilisme, égotisme, superficialité, le tout condensé en dix minutes qui font l'effet de trois Red Bull avalées à la suite, ou d'une réaction allergique nécessitant un shot de cortisone dans les veines, au choix. A noter pour moi-même, pour plus tard, ne plus jamais écouter les propos dithyrambiques de Konbini en cliquant sur une vidéo. Jamais.

Le problème avec cette horreur est multiple. Le premier c'est bien sûr le traitement du sujet, complètement raté pour employer un euphémisme. Le but est si j'ai bien saisi l'affaire de nous montrer que oui, les femme belles souffrent comme peuvent souffrir n'importe quelle femme. Pourquoi pas, ne pas nier la souffrance de l'autre est une bonne chose, n'en déplaisent aux moches (<= provocation de ma part). J'insiste là-dessus, n'importe quel être humain peut être en souffrance, et nier cette souffrance parce que l'on a décidé subjectivement qu'il n'avait aucune raison de souffrir c'est dégueulasse. Sauf que là, la beauté de "Bad Girl" n'est pas à l'origine de sa souffrance, contrairement à ce qu'elle croit. Elle correspond "juste" à la souffrance que des tas de filles peuvent ressentir parce qu'elles savent pas où se mettre, comment se positionner, et surtout parce qu'elles sont aussi vides que des coquilles d'escargot sans limace. Drame contemporain de nos sociétés occidentales.

Parce que oui, cette fille est stupide à se taper la tête contre le mur. Sa superficialité ne donnera envie de compatir qu'à des personnes qui s'y reconnaissent par complaisance gratuite, sans aucune gêne. Et ces dix minutes feront surtout du mal à toute une partie de la gente féminine qui pourrait se retrouver assimilée à une tâche digne de ce nom. Comment veut-on redonner ses lettres de noblesse à la beauté d'un visage, d'un corps quand on assimile d'emblée cette beauté à une immaturité qui confère à l'exaspération chez l'autre ? A moins de se sentir concerné, il est impossible de compatir.

D'après le réalisateur, un des compliments qu'il aurait le plus souvent reçu est que son court-métrage donne l'air d'avoir été filmé par une femme. Mon dieu... J'espère que des femmes n'auraient jamais filmé ni traité le sujet de cette façon, mettre en scène des bouts de viande désarticulés à qui on a envie de mettre un bandeau sur la bouche pour les empêcher de parler. Qui aurait envie d'aimer une fille comme ça ? Qui ? C'est juste pas possible, parce que la seule chose qu'on nous renvoie à la figure, c'est que cette fille ne s'aime pas vraiment. Je ne parle pas de s'aimer en se regardant dans la glace le matin, mais de s'assumer, de s'aimer pour pouvoir aussi aimer les autres. Et les êtres qui sont ainsi, telles des bombes à retardement prêtes à tout foutre en l'air sur leur passage, ça suscite la répulsion la plus totale.

La misogynie a encore de beaux jours devant elle à cause de types comme ça. C'est dommage.
-Ether
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le 19 mars 2015

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-Ether

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