Bad Teacher par Raindance

Oui, j'ai bien aimé Bad Teacher. Allez-y, balancez moi des pommes de pin, pendant ce temps j'explique.

Je me doutais que j'allais avoir affaire à une comédie américaine trash comme c'est bien la mode ces derniers temps, et là dessus pas de surprise. Le côté comédie romantique est ultra prévisible aussi, mais bon, l'héroïne va pas tout de suite sortir avec la bonne personne qui est parfaite pour elle, qu'est ce qu'on irait faire des 1h de film restantes?

En fait le film est divisé en deux et la deuxième partie est à mon sens la plus savoureuse, elle débute à environ 35 minutes. Le film et Cameron Diaz arrêtent de se vendre, l'étalage de "rohlolo du cannabis, rohlolo de la gueule de bois et des nichons sur fond de rock racoleur comme c'est bien vu et transgressif!" se stoppe et l'histoire atteint sa vitesse de croisière. On retrouve toujours ces éléments plus tard, mais ils font juste partie du quotidien des personnages, je n'ai plus l'impression que le réalisateur enfonce son coude dans mes côtes en hurlant "T'AS VU? LIKE SI TOI AUSSI T'ES TROP UNE REBELLE DES FOIS! *clin d’œil, clin d’œil* " Je n'ai pas une guitare électrique lourdasse qui m'accompagne à chaque fois que je bois avec mes amis enfin.
La deuxième partie, donc, fourmille de situations intéressantes. Les personnages qui servent le moins à l'histoire s'effacent et laissent plus de place aux situations. Vous verrez Cameron Diaz faire un max de connerie et s'en sortir grâce à plus de conneries. Et sans se faire pincer. C'est quand même beau, à Hollywood, de nos jours, pas une seule scène où elle avoue tout à un personnage qui lui fait les gros yeux, mais allez, t'as un bon fond, ça va pour cette fois. Quand même une morale (un poncif, plutôt) du gars sympa de second plan qui est plus intéressant que le bellâtre parce qu'au delà du matériel blablabla...

Le trio de tête est admirable. Cameron Diaz est une actrice que j'apprécie, et une fois qu'elle a fini de cabotiner en première partie, elle se contente de jouer son rôle, sans trop en faire et sans voler la vedette aux autres personnages, ce qui est une bonne chose dans ce film, où les loufoques ou névrosés sont foules (j'ai en tête 3 cas aigus). D'ailleurs, son ennemie, une espèce de professeur niaise, en fait beaucoup trop. Son rôle exige qu'elle soit frustrée, mais c'en est ridicule. Cameron veut des nouveaux seins. Ouais c'est un objectif débile, mais un objectif tout de même. Je dirais même que c'est un MacGuffin*. Mais oui. Et donc, en attendant de pouvoir se les payer, elle est obligée de vivre au milieu de l'enfer des ringards mollassons (mention spéciale à la grosse prof qui traîne avec elle et qui semble tout le temps défoncée). Des gens sympathiques mais qui ne font pas rêver et qui sont à des années lumières du milieu qu'elle vise. Et dans lequel Cameron (et le spectateur) finit par s'intégrer, presque malgré lui.
Jason Segel est savoureux, et même si je le défendrai quoi qu'il puisse jouer, son personnage cynique et réaliste apporte une dynamique intéressante par rapport à son opposé, Justin Timberlake. Sa dernière apparition dans le film est parfaite. Seul bémol : je ne suis pas trop à l'aise avec ces personnages masculins qui, bien que très charmants, n'arrêtent pas d'insister : "Tu veux aller boire un verre?" "Tu veux un massage?" "un jour on sera ensemble" (à répéter à intervalles réguliers). C'est comme les héros romantiques qui disent "Je t'observait de loin". Ça passe dans les films parce qu'on sait que les personnages ont de bonnes intentions, mais qu'une personne pense à faire ça dans la réalité et on atteint des sommets de glauque...
Justin Timberlake est aussi un excellent personnage, frais dans le rôle si bien connu du garçon qui déçoit. Son côté niais rappelle ces gens qui nous expliquent que "C'est pas gentil d'être méchant" et qu'ils sont "contre la guerre. Et le cancer." La scène de "sexe" peut paraître grossière mais je l'ai trouvée fort probable, et le gênant de la situation a engendré mon hilarité. Forcément il y a une scène où il chante, mais si j'avais payé Justin Timberlake, moi aussi je l'aurai fait chanter, au premier ou au second degré.

Je voulais reprocher au film de lancer trop de pistes et de sous intrigues sans les approfondir (1/4 d'heure en plus aurait été raisonnable), mais c'est une bonne chose que le scénario ne se sente pas obligé d'utiliser un détail ou une phrase pour qu'il prenne son importance plus tard. Ça rend les personnages vivants, en fait.

C'est donc une comédie qui est drôle (de mon point de vue bon public, je le reconnaît), à apprécier pour son casting assez bon dans l'ensemble, et en faisant abstraction de la 1ère demi-heure "Bande annonce".


*MacGuffin, objet qui sert de prétexte au scénario alors qu'il est fondamentalement inutile et perd de son importance au fil du film. On ne verra jamais ces fameux seins sur Cameron Diaz, et on s'en fout un peu, ce n'est pas l'avancement du financement qui nous préoccupe dans le film, mais son évolution au milieu des profs et des élèves.