Les cinéastes dont on perçoit le goût pour l'architecture sont suffisamment rares pour qu'on le souligne. Mais Rachel Lang prouve avec son premier long métrage qu'elle ne sait pas seulement composer de beaux cadres : elle sait les habiter.
Baden Baden semble simple alors que la rigueur de sa construction est une évidence. C'est un film comme un journal intime, dans lequel on raconte, on colle des images, des dessins, des bouts de chansons, on se rappelle un rêve puis on se projette, on regrette, on pleure.
Se déroulant à Strasbourg durant l'été, le film nous montre Ana avec sa grand-mère, son meilleur ami, son ex déplaisant, son petit frère, sa mère, d'autres amies, un intérimaire amoureux. Ça pourrait être sans intérêt mais ça ne l'est pas grâce au regard d'une cinéaste qui capte et détourne sans cesse, raconte et digresse, dit des bêtises, dessinant ainsi le portrait juste et contrasté d'une jeune fille contemporaine, un peu perdue mais volontaire, généreuse et fantasque.
Baden Baden procure un plaisir à son image. Subtil et plein de fantaisie, il restitue une sorte de poésie du quotidien sans jamais verser ni dans la niaiserie ni dans l'angélisme. En cela est-il résolument moderne.
Mené par Salomé Richard et la glorieuse Claude Gensac, le casting est homogène et sert un scénario qui permet à chaque personnage d'exister, même le temps de quelques scènes. Preuve supplémentaire que Rachel Lang est une cinéaste généreuse.