Les séries B de castagne toutes origines confondues on bien perdu de leur superbe depuis déjà un bon paquet d'années et c'est avec un enthousiasme toujours septique qu'on lance l'une de ces nouveautés, souvent très hésitantes quant aux attentes minimum qu'on pourrait en avoir.
Les productions de baffes orientales n'échappent pas à cette étrange plongée vers l'art surement encore incompris du tout-aidé-par-les-ordis, ajoutant bien souvent, marque de fabrique oblige, des décors très dégoulinants de couleurs numériques et autres fonds verts au doux fumets écœurant. On a beau en espérer un peu plus, se disant que quelques grands noms de la mise en scène martiale se cachent encore derrière ces métrages, l'habitude du désabusement s'installe rapidement.
Après les insupportables Tai Chi Zero et Tai Chi Hero "chorégraphiés" par Sammo Hung (sérieux quoi...) et la déception ultime du tout dernier Police Story (affublé du sobriquet "2013"), dans lequel Jackie Chan passe son temps à narguer son fan pour lui expliquer que s'il veut faire de la merde, il en a bien l'droit, c'est sans grande attente qu'on peut lancer ce Badges of Fury après avoir croisé le trailer rigolo.
Et justement, ça se veut "rigolo" de bout en bout et parfois, et ça c'est bien le problème, ça se voudrait "fun", s'orientant vers cette mode vidéo-ludique-dans-un-film exaspérante lancée par les Tai Chi Zero-Hero et Scott Pilgrim avant eux... Des "glouing glouing" et autres "bouwinggg" dans des scènes de courses poursuites rappelant un passage ardu de quelque jeu de plateforme sans grande imagination. L'humour omniprésent de cette comédie bon enfant flirtant carrément avec le film pour gosse fait parfois sourire mais est aussi bien souvent très lourd, ses multiples références n'arrivant jamais avec la même subtilité naturelle et inspiré que dans un bon Stephen Chow.
RESTE QUE, Jet Li a vraiment une bonne tronche. Quelques scènes de tabasse sont vraiment sympas, chorégraphiées par ce brave Corey Yuen, joviales, inspirées, jamais vraiment jubilatoires certes, mais toujours mieux filmées que dans les actioners occidentaux et assez défoulantes pour mériter leur petit détour et faire une pause jouissive entre les blagues débiles (et parfois bien nazes). Les autres personnages font leur job sans être de trop, laissant à la fois le luxe à Jet Li d'être secondaire et effacé tout en se laissant totalement désirer de bout en bout jusqu'au final bien sympathique.
Y en a qui trouveront surement là un petit film pratique pour agrémenter un paquet de chips, moi j'suis surtout content de retrouver la bonne trogne de Jet Li dans un truc qui n'se prend pas une seconde au sérieux sans pour autant tomber complètement dans l'extrême lourdeur lassante des films suscités.