Need for Speedy

C'était il y a deux ans. Fin juin 2020, la France sortait groggy d'un premier confinement et les salles de cinéma partaient pour une longue période de convalescence (pas encore terminée, à ce jour). C'est dans cette atmosphère suffocante que Balle Perdue avait donné un peu d'air. Pas aux multiplexes ni aux salles de quartiers certes, mais au cinéma de genre français. Outre son histoire ultra-basique, le film d'action réalisé par Guillaume Pierret avait pour lui sa manière soignée et récréative. Un spécimen prometteur n'ayant rien à envier aux bourrinades interminables produites outre-atlantique. Le succès au rendez-vous donne à la paire Pierret/Lenoir l'occasion de confirmer.

Les influences revendiquées lorgnent du côté de Jason Bourne ou Jack Reacher. À l'écran, Balle Perdue 2 a tout d'un croisement entre Michael Bay et la saga Fast & Furious (ouch). Sauf que Pierret conserve cet esprit de synthèse (1h30 sans générique), et utilise les nouveaux joujoux avec plus d'habileté. En témoignent les quelques beaux plans en drones. Comme pour son prédécesseur, les séquences de poursuite sont plaisantes (cf. les voitures qui voltigent) et les chorégraphies à mains nues restent crédibles. Guillaume Pierret et Alban Lenoir assument une candeur et un retour à la simplicité transpirant l'honnêteté. Jusqu'au point de non-retour...

La simplicité, c'est bien mais il y a une marge que franchit allégrement le film. Plus encore que sur le premier, l'histoire est d'une insondable bêtise. De deux choses l'une : soit le film s'est écrit au jour le jour, soit il fut écrit en un seul jour. La générosité pyrotechnique n'est égalée que par le je-m'en-foutisme d'un script raccordant grossièrement les cascades les unes aux autres. Les semblants de personnages passent leur temps à faire une chose et son inverse, quasiment sur toute la durée du long-métrage ! Alban Lenoir ou Stefi Celma font mine d'y croire, hélas ça ne suffit pas à faire passer les caricatures (au hasard, tout le monde) et revirements abracadabrants.

La raison de beaucoup d'éclats de rire, il faut le reconnaître. Puis comment rester indifférent face à une R21 customisée avec de superbes lames électrifiées ? So français ! La franchise Taxi peut reposer en paix, sa succession est assurée. Blague à part, Balle Perdue 2 rappelle que le cinéma d'action hexagonal en a sous le capot pour peu qu'on lui lâche la bride. Reste à lui concocter une bonne histoire. Pas de chance, c'est ce qui fait la différence entre une friandise et un vrai repas. Je ne peux décemment pas qualifier le film de bon. Je ne peux raisonnablement pas le rejeter non plus. La moyenne s'impose, mais ça n'ira pas plus loin.