Dur d'échapper à son rôle phare. Propulsée sur le devant de la scène avec le rôle d'Amy dans le d'ores et déjà classique Gone Girl réalisé par David Fincher, l'actrice Rosamund Pike n'a pas ménagé ses efforts pour s'en émanciper. Parmi ses nombreux travaux, on peut détacher l'épatant Hostiles ou Otages à Entebbe. Mais que voulez-vous, certains n'ont d'yeux que pour Amy, comme J Blakeson. Le scénariste et réalisateur n'a pas besoin de s'en défendre, l'ombre de Fincher plane en permanence sur I Care a Lot. De la mise en scène à la direction artistique, du ton aux compositions musicales sans oublier cette voix-off, on la ressent absolument partout. Il n'y a aucun mal à être un cinéaste sous influences (demandez à Spielberg ou Tarantino) quand on les a digérées.
Si le travail à la caméra est élégant (les plans sont parfaitement cadrés et fluides), la distinction entre l'inspiration nette et le quasi-plagiat est beaucoup plus trouble. De la même façon que Rosamund Pike, aussi convaincante soit-elle dans ce rôle de succube immorale, donne souvent l'impression de rejouer jusqu'à la caricature sa partition de Gone Girl. Dernier point noir et pas des moindres puisqu'il est la base et le liant de tous les départements créatifs, l'écriture. J Blakeson ne semble jamais en mesure de choisir entre le registre satirique et le film noir. De fait, le cynisme qui sert habituellement à titiller nos zygomatiques est grippé par une froideur excessive. Plus grave, Marla reste antipathique du début à la fin. Comment s'attacher à un personnage principal qui n'offre ni relief ni évolutions au cours du récit ? On en arrive à espérer le pire pour elle, en vain
(excepté le final, recopié sur celui du très bon Layer Cake de Matthew Vaughn).
Derrière des récits immoraux et jubilatoires, il y a avant tout une place accordée à l'empathie (ex : Thank you for Smoking, Lord of War ou...Gone Girl). Retirez ça de l'équation et vous n'aurez qu'une coquille vide. Ou une contrefaçon.