Huit mois, ça peut être un vrai obstacle à la compréhension à l'ère du streaming et du binge-watching. Tout spécialement si vous vous lancez dans la suite d'un film pas très fameux, et que cette appréciation en est votre seul souvenir sur un peu moins d'une année. Pour palier ce léger manque, Martin Bourboulon a la prévenance de proposer un incipit "dans l'épisode précédent". Ce petit compte-rendu avec la poignée d'images illustratives parviennent à réchauffer ma mémoire ankylosée. Les Trois Mousquetaires, d'Artagnan. Ah oui. Ce beau casting pas très exploité, ces nombreuses scènes d'action tournées en plan-séquences lourdauds (et répétitifs) et cette photographie fadasse. Par contre, le fil rouge était plutôt cerné. Au détriment des personnages, réduits à pas grand chose, mais voyez comme ce petit compte-rendu fonctionne, je me rappelle maintenant pourquoi je l'avais un peu oublié. Les wagons raccrochés, nous pouvons reprendre la route.
Comme toute partie 2 qui se respecte, Milady se devait de pousser les ambitions un cran plus haut sur l'énergie, sur l'émotion et dans ses résolutions ou à tout le moins d'être une fin d'expédition revigorante. Ce qu'il n'est finalement pas, à la mauvaise surprise générale. D'Artagnan avait ses défauts (listés au dessus), mais on ne peut lui enlever son dynamisme. Cette deuxième moitié est simultanément laborieuse et bâclée. Alors que la narration du précédent faisait la part belle à son héros, ce qui facilitait la compréhension des enjeux, Milady passe continuellement d'untel à untel, du complot à la préparation de la guerre, la recherche de Constance, les catholiques, les protestants, le passé de la mystérieuse Milady,...On s'accrocherait bien si seulement l'intrigue était captivante.
Les personnages existent encore moins qu'avant, D'Artagnan n'a plus grand intérêt, Constance non plus, Aramis fait des allées et venues quant à Porthos on le laissera dans la soute avec les inutiles. Quelques traits d'humour et une Eva Greene mieux servie ne suffisent pas à rattraper cet ensemble confus. Quant aux retournements de situation, ils auraient pu être efficaces si la mise en scène avait tenté de faire monter la sauce. Pire, ils tombent comme un cheveu sur la soupe et n'arrivent même pas à raviver l'intérêt. Si une amélioration sur la photographie, plus lumineuse, est à noter, les moments d'action - encore filmés en plan-séquences ! - sont encore moins engageants que ceux du premier volet. Pour couronner de tout, Bourboulon n'arrive pas non plus à terminer son film, qui s'égare vers le cliffhanger comme l'aurait fait une fin de saison. Énième trope à rapprocher des franchises à rallonge qu'on trouve outre-atlantique. Et franchement, après une telle douche froide, qui a encore envie de reprendre une dernière saucée ? Sans compter l'appréhension pour le prochain gros film adapté de Dumas - Le Comte de Monte-Cristo - puisqu'il conserve la même équipe. Et potentiellement les mêmes problèmes d'écritures...