La suite du blockbuster français de l'année tient toutes ses promesses. Débarrassée de l'obligation de présenter ses (nombreux) personnages, elle ménage mieux son rythme et donne au spectateur un divertissement de haute volée en (seulement) deux heures très jamesbondiennes. Cocorico c'est Français, et çà coute deux fois moins cher qu'Astérix pour un rendu visuel incomparable.
In media res :
Après un résumé du premier opus qui rappelle que la pratique des suites directes n'est pas classique en France, on reprend exactement où on a laissé les personnages : en pleine action. Je dois dire que le court laps de temps (6 mois) entre les deux films est assez rare mais bien plus appréciable que l'année ou les deux années d'espaces entre les films Marvel/Disney.
Une intrigue simpliste, qui se complexifie :
Contrairement à D'Artagnan, ce Milady a une intrigue simple, la recherche de Constance Bonacieux, toujours sur fond de tensions entre les protestants et les catholiques. Si la première partie du film est assez plate, les divers enjeux se rejoignent assez vite au détour de quelques twists qui, si vous n'avez jamais lu le chef d'oeuvre de Dumas ou vu les milliers de téléfilms sur les mousquetaires, fonctionnent très bien et valent à eux seuls l'expérience du blockbuster.
Bonus pour la fin, extrêmement ouverte, qui donne envie de voir la suite.
Le secret, c'est le rythme :
120 minutes (comme pour le premier opus) c'est peu en 2023, mais une fois affranchi des présentations, on peut se concentrer sur le rythme, beaucoup mieux géré dans cette deuxième partie. Les scènes d'action (toujours filmées sous extasy, seul vrai point négatif) trouvent à merveille leur place au milieu de moments d'humour inspirés (la quête annexe de Portos et Aramis) et des magouilles de Milady, un personnage décidément plein de vie.
Cette dernière remarque vaut avant tout pour les seins de Milady, que le réalisateur nous jette au visage environ toutes les cinq secondes.
La fresque politique qui se joue en arrière plan est elle aussi déjà présentée, ce qui permet de profiter de twists qui touchent plus les humains (et donc les spectateurs) que les pays eux mêmes. Au final, on ne regarde pas sa montre, et on ressent pas mal d'émotions. C'est tout ce qu'on peut demander de mieux à un blockbuster en 2023.
Un rééquilibrage par rapport au premier opus :
Le temps de jeu des personnages m'a également paru plus équilibré, le D'Artagnan de Civil étant bien plus en retrait que dans le premier opus. Portos et Aramis ont leur quête annexe, inutile mais agréable, alors qu'Athos est clairement en arrière plan, avec des redites : sauver à nouveau son frère, retourner au tribunal... Milady étant le personnage éponyme, elle est de toutes les scènes, et a droit à une adaptation moderne tantôt terrifiante, tantôt très humaine. La prestation d'Eva Green divisera, par son jeu très soutenu, mais là aussi j'y ai plutôt vu un rééquilibrage par rapport au premier opus, où l'on sent moins le jeu très théâtral propre aux acteurs français.
En conclusion, ce deuxième opus (de ce qui sera finalement une trilogie ?) est bien mieux équilibré que le premier, peut être parce qu'il ne présente plus des personnages ou un contexte qu'en tant que lecteur de Dumas, je connaissais déjà. Peut être aussi que l'action y est plus présente et mieux équilibrée, dans un film qui n'a pas d'équivalent en France en termes de casting, d'ambitions visuelles et de spectacle, pour la moitié du coût du dernier Asterix.